Il y a deux semaines, j’ai reçu le mail d’un abonné qui me demandait des conseils pour bien décrire ses personnages…

 

 

 

 

 

 

 

J’ai déjà évoqué les personnages sur le blog, vous trouverez plusieurs articles et même ici, une fiche personnage  très complète

 

Quand on se lance dans l’écriture d’un roman et qu’on commence à construire ses personnages, en général, on se jette sur la fiche personnage et on se met à la compléter. Le problème, c’est qu’on se retrouve avec une multitude d’informations qu’on ne sait pas comment utiliser.

 

Alors, comment exploiter sa fiche personnage ?

 

1 / Définition et fonctions du portrait

 

Définition du portrait 

 

Avant d’aller plus loin, rappelons que le portrait est la description d’un personnage.

Il doit le décrire (portrait physique) et montrer son caractère (portrait moral). On peut aussi présenter ses attitudes et ses actions.

 

Les fonctions du portrait 

 

Le portrait a trois fonctions essentielles :

 

  • Un des rôles du portrait est d’informer. Lorsqu’un lecteur découvre un personnage dans un roman, un portrait lui permet de se le représenter, de le situer par exemple socialement.
  • Le portrait a aussi un rôle de révélateur. Il per­met de traduire les sentiments ou les pensées cachées d’un personnage, qui « se lisent » sur sa physionomie. Il fait apparaître aussi, selon la tona­lité employée, l’appréciation et les sentiments de celui qui voit.
  • Le portrait enfin peut avoir une fonction symbo­lique, une portée qui dépasse ce qu’il décrit.
    Par exemple, dans la description du salut des Guermantes, c’est le portrait de toute une classe sociale que fait Proust.
    Autre exemple, la plupart des portraits de La Bruyère invitent à une réflexion morale, par exemple sur la vanité ou l’absur­dité humaines.

 

On distingue traditionnellement :

 

1 / Le portrait physique

 

On peut parler d’abord de son état civil (famille, lieu d’habitation…

 

Puis, on donne des éléments qui se rapportent : à l’allure, au visage (forme, teint, cheveux, front, œil, sourcils, regard, nez, lèvres, menton, oreilles…), à la voix, aux gestes, au corps, aux vêtements

 

Il faut essayer de suivre un ordre logique, comme si l’oeil du lecteur se baladait méthodiquement sur le personnage.

 

2 / Le portrait moral

 

On donne des éléments qui se rapportent : au caractère, aux qualités, aux défauts, à la manière de s’exprimer. On peut donner aussi les habitudes du personnage.

 

***

 

Le portrait d’un personnage ne se dresse donc pas n’importe comment. Il ne s’agit pas de prendre sa fiche personnage et de caser toutes vos notes mais de sélectionner les particularités remarquables du personnage.

 

La description d’un personnage se fait de façon plus subtile. Il faut procéder par ordre.

Le portrait suit un ordre logique. Il faut organiser la description, autrement dit :

 

  • faire une liste de mots qui détaillent les différentes parties d’un thème
  • ordonner cette liste selon un principe (de haut en bas, de gauche à droite, du proche au lointain)
  • caractériser les différents éléments de cette liste en apportant des détails de forme, de couleur…
  • utiliser des expressions qui organisent le texte : à l’avant, à l’arrière, au-dessous, au premier-plan
  • Pour insister sur un trait de caractère du personnage et l’illustrer, on peut mettre le personnage en action, raconter une anecdote sur lui.
    On peut parler aussi de ses passions.
  • On peut utiliser la comparaison pour rendre la description plus précise, plus « parlante », plus drôle 

 

Remarques :

Les temps dominants de la description sont le présent ou l’imparfait de l’indicatif.

La description comporte beaucoup d’adjectifs et de verbes d’état.

 

 

Enfin, on distingue :

 

Le portrait statique :

 

L’ordre de ce type de portrait est généralement : 1) portrait physique 2) portrait moral.

 

➔ Le portrait dynamique :

Le personnage est en mouvement

 

2 / Quelques exemples de portraits

 

Portrait physique :

Mademoiselle Guimard était très grande, avec une jolie petite moustache brune, et quand elle parlait, son nez remuait : pourtant je la trouvais laide, parce qu’elle était jaune comme un chinois et qu’elle avait de gros yeux bombés.

La gloire de mon père – Marcel Pagnol

 

Portrait physique et moral : 

Le docteur était un homme court, à la grosse tête ronde, dont le collier de barbe et les cheveux grisonnaient. Son visage coloré s’était durci, pareil à ceux des paysans, dans sa continuelle vie au grand air, toujours en marche pour le soulagement de quelque souffrance ; tandis que ses yeux vifs, son nez têtu, ses lèvres bonnes disaient son existence entière de brave homme charitable, un peu brusque parfois, médecin sans génie, dont une longue pratique avait fait un excellent guérisseur.

Zola, La Débâcle, 1892.

 

 Gustave Flaubert, Madame Bovary, (extrait) : portrait dynamique

 Lors de la rencontre entre Charles Bovary et Emma, sa future femme, Flaubert use du discours indirect. Les propos rapportés se mêlent à la narration. Le résultat : un portrait en mouvement, où se trouve concentré tout le destin d’Emma.

 

Elle se plaignit d’éprouver, depuis le commencement de la saison, des étourdissements ; elle demanda si les bains de mer lui seraient utiles ; elle se mit à causer du couvent, Charles de son collège, les phrases leur vinrent. Ils montèrent dans sa chambre. Elle lui fit voir ses anciens cahiers de musique, les petits livres qu’on lui avait donnés en prix et les couronnes en feuilles de chêne, abandonnées dans un bas d’armoire. Elle lui parla encore de sa mère, du cimetière, et même lui montra dans le jardin la plate-bande dont elle cueillait les fleurs, tous les premiers vendredis de chaque mois, pour les aller mettre sur sa tombe. Mais le […]

 

 

Guy de Maupassant, Bel Ami (incipit) : portrait dynamique 

Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de cent sous, Georges Duroy sortit du restaurant. Comme il portait beau par nature et par pose d’ancien sous-officier, il cambra sa taille, frisa sa moustache d’un geste militaire et familier, et jeta sur les dîneurs attardés un regard rapide et circulaire, un de ces regards de joli garçon, qui s’étendent comme des coups d’épervier. Les femmes avaient levé la tête vers lui, trois petites ouvrières, une maîtresse de musique entre deux âges, mal peignée, négligée, coiffée d’un chapeau toujours poussiéreux et vêtue toujours d’une robe de travers, et deux bourgeoises avec leurs maris, habituées de cette gargote à prix fixe.

 

Lorsqu’il fut sur le trottoir, il demeura un instant immobile, se demandant ce qu’il allait faire. On était au 28 juin, et il lui restait juste en poche trois francs quarante pour finir le mois. Cela représentait deux dîners sans déjeuners, ou deux déjeuners sans dîners, au choix. Il réfléchit que les repas du matin étant de vingt-deux sous, au lieu de trente que coûtaient ceux du soir, il lui resterait, en se contentant des déjeuners, un franc vingt centimes de boni, ce qui représentait encore deux collations au pain et au saucisson, plus deux bocks sur le boulevard. C’était là sa grande dépense et son grand plaisir des nuits; et il se mit à descendre la rue Notre-Dame-de-Lorette. Il marchait ainsi qu’au temps où il portait l’uniforme des hussards, la poitrine bombée, les jambes un peu entrouvertes comme s’il venait de descendre de cheval; et il avançait brutalement dans la rue pleine de monde, heurtant les épaules, poussant les gens pour ne point se déranger de sa route. Il inclinait légèrement sur l’oreille son chapeau à haute forme assez défraîchi, et battait le pavé de son talon. Il avait l’air de toujours défier quelqu’un, les passants, les maisons, la ville entière, par chic de beau soldat tombé dans le civil. Quoique habillé d’un complet de soixante francs, il gardait une certaine élégance tapageuse, un peu commune, réelle cependant. Grand, bien fait, blond, d’un blond châtain vaguement roussi, avec une moustache retroussée, qui semblait mousser sur sa lèvre, des yeux bleus, clairs, troués d’une pupille toute petite, des cheveux frisés naturellement, séparés par une raie au milieu du crâne, il ressemblait bien au mauvais sujet des romans populaires.

 

 ***

Voilà, toutes ces précisions vous aideront à décrire vos personnages.

 

Pour terminer, on me demande souvent s’il faut créer des fiches pour tous les personnages du roman et les décrire.

Ma réponse est NON ! Car tous les personnages n’ont pas la même importance.

 

On peut classer mes personnages selon 3 catégories :

 

  • Les personnages principaux : Un personnage principal est celui qui mène une quête, un projet, dans le but de résoudre un problème. Très souvent, c’est lui qui est le plus caractérisé. Alors concentrez-vous sur lui ! (Ou eux, s’ils sont plusieurs).
    On peut décrire son apparence physique, son identité, sa personnalité, sa symbolique et son passé. C’est autour de lui que gravitent tous les autres personnages. ​

 

  • Les personnages secondaires : Les personnages secondaires viennent aider ou nuire au personnage principal dans la réalisation de sa quête. Ils sont dotés de caractéristiques qui les rendent crédibles, mais généralement, celles-ci sont décrites plus globalement.

 

  • Les personnages figurants : Les personnages figurants apparaissent rapidement dans l’histoire. Ils y jouent un rôle très secondaire. Ils font pratiquement partie du décor. Les figurants ne seront pas vraiment décrits.

 

 

À vos succès d’écriture…

 

Share This