Rentrée littéraire 2012

646 romans français et étrangers vont être publiés entre la mi-août et la mi-octobre. Et tandis que la plupart des articles parlent des livres vedettes, j’ai choisi d’évoquer les premiers romans de cette nouvelle rentrée littéraire.

En effet, parmi ces 646 romans, seuls 69 nouveaux auteurs ont eu la chance d’être choisis par les maisons d’édition. À titre indicatif, ils étaient 121 en 2004, 74 en 2011.
Ces chiffres démontrent une fois encore que les éditeurs restent très prudents et continuent de miser sur leurs valeurs sûres.

Les primo romanciers de cette rentrée sont surtout masculins. Les trois plus âgés ont vu le jour dans les années 50. La benjamine, Chloé Schmitt, a 21 ans.

Une quinzaine seulement sortiront du lot. Sept font déjà parler d’eux mais d’autres révélations – je l’espère – sont à envisager en septembre.

Ma sélection des premiers romans 2012

Celui qui fait déjà le «buzz» est Aurélien Bellanger, auteur de La Théorie de l’information (Gallimard), un roman qui revisite les années 1980 à 2000, la communication et les nouvelles technologies. Il raconte l’ascension fulgurante de Pascal Ertanger, qui doit sa fortune au Minitel rose, aux sex-shops et autres peepshows. L’auteur se serait inspiré de la figure de Xavier Niel, créateur de Free et d’une entreprise de Minitel rose.

Toujours chez le même éditeur, on trouve aussi Lancelot Hamelin, Le Couvre-feu d’octobre. Octavio, jeune Français d’Oran, vit une passion avec Judith. Mais l’été 1955, il rejoint Paris afin d’y suivre ses études. Lasse de l’attendre, se sentant abandonnée, Judith se jette dans les bras du frère aîné d’Octavio et l’épouse. En 1957, le couple débarque à son tour en métropole. Alors qu’Octavio s’engage dans la lutte clandestine aux côtés du FLN, son grand frère, policier, choisit le camp de l’OAS. Lancelot Hamelin, metteur en scène et dramaturge de 40 ans, traite de la guerre d’Algérie vue et vécue de Paris et la région parisienne. Son roman évoque les violences et les crimes commis notamment sur Paris et les tourments des deux camps.

Autre roman qui risque de rencontrer un joli succès : La Déesse des petites victoires (Anne Carrière) signé par Yannick Grannec, jeune graphiste passionnée de mathématiques. Résumé : en 1980, à l’Université de Princeton, la documentaliste Anna Roth se voit confier la tâche de récupérer les archives du mathématicien Kurt Gödel. Sa mission consiste à apprivoiser la veuve acariâtre qui contre toute attente ne la rejette pas mais lui impose des règles.

Bruno Le Maire est plus connu pour son activité de ministre de l’Agriculture et sa candidature à la présidence de l’UMP. Déjà auteur d’un essai intitulé Des hommes d’État, où il évoquait son parcours de conseiller puis de directeur de cabinet de Dominique de Villepin alors Premier ministre, il publie son premier roman Musique absolue, une répétition avec Carlos Kleiber chez Gallimard. Il raconte l’histoire romancée du chef d’orchestre autrichien Carlos Kleiber, mort en juillet 2004. Célèbre dans le monde de l’opéra, il avait fui son Allemagne natale au moment de la montée du nazisme pour s’installer en Argentine et avait dirigé, entre autres, Pavarotti, Placido Domingo et Gwyneth Jones.

Chloé Schmitt, benjamine des nouveaux auteurs, fait preuve d’une belle maîtrise dans son ouvrage Les Affreux (Albin Michel). L’histoire : Tétraplégique à la suite d’un AVC, Alfonse, le narrateur, se retrouve confiné chez lui, domicile conjugal qu’il s’apprêtait à quitter avant l’accident, pour rejoindre Lili, sa maîtresse. Alfonse rumine, sa femme Clarisse pleure. L’ambiance oppressante devient un enfer au fil des pages. L’écriture est vive et imagée, le rythme soutenu. La plume de cette jeune femme dont on ne sait presque rien est prometteuse.

Dans Dieu n’est pas mort (Julliard) Samuel Doux s’interroge lui avec une sensibilité à fleur de peau sur le poids des origines. Elias, la trentaine, part pour enterrer sa grand-mère qui vient de se suicider le jour de Yom Kippour. Cela pourrait suffire, pourtant, entre fantômes et humour juif, Elias va se perdre dans le labyrinthe de l’Histoire.

Lucile Bordes parle aussi dans Je suis la marquise de Carabas (Liana Levi) de ses aïeux. Encore une histoire de famille ? Un passé douloureux ou inavouable ? Pas du tout ! Juste un secret si l’on veut. L’auteur a découvert la vie de ses ancêtres en tenant compagnie à son grand-père : elle est la descendante d’une troupe de marionnettes illustre, le Grand Théâtre Pitou. En 1850, Auguste, garçon épicier sans histoire, décide de suivre sur les routes une troupe de saltimbanques. C’est ainsi que naît la passion d’une famille sur plusieurs générations. A travers l’histoire de cette troupe, un siècle d’événements malmènent autant la vie professionnelle que personnelle.

J’ai un faible pour ces deux derniers. Mon quotidien d’écrivain biographe qui me fait remonter le temps et écrire les histoires de famille n’y est bien entendu pas étranger.

Voilà donc quelques nouveaux auteurs de cette rentrée littéraire. J’espère que ce petit aperçu vous incitera à les lire. Moi, je continue de fouiller du côté des primo romanciers, j’ai déjà sous le coude :

  • Marcus, par Pierre Chazal (Alma)
  • Les Immortelles, par Makenzy Orcel (Zulma)
  • Le Coursier de Valenciennes, par Clélia Anfray (Gallimard)

Je souhaite un joli succès à ces 69 nouveaux venus !

 

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