Quel est l’élément le plus négligé, le plus mal compris et certainement le important dans l’art de raconter une histoire ?
Puisque vous lisez cet article…
c’est que vous connaissez la réponse : la structure ou le plan !
Les écrivains ont deux réactions face au plan :
Ou bien, ils pensent que c’est génial, mais difficile à établir.
Ou bien ils pensent que c’est un vrai frein à leur créativité.
Quand j’ai commencé à écrire, j’ai fait un peu comme tout le monde, j’ai écrit sans structure.
Ça n’a rien donné de très bon et j’ai vite compris qu’il fallait construire avant d’écrire. Après tout, se lance-t-on dans la construction d’une maison sans plan ?
La comparaison me parait tout à fait adéquate.
J’ai pensé qu’avec une bonne idée et un plan bien structuré mon histoire s’écrirait certainement plus facilement… En fait, pas vraiment car c’était un peu plus complexe que cela. Et je sentais bien qu’il manquait quelque chose à cette vision un peu trop simpliste.
Alors,
j’ai commencé à fouiller partout car j’étais quand même convaincue d’avoir trouvé une clé qui demandait juste à être approfondie.
J’ai lu et décortiqué des quantités de livres. L’idée était de trouver les points communs à toutes les bonnes histoires. Mais aussi de vérifier si les auteurs avaient délibérément construit et structuré leur histoire ou si seuls l’instinct et la chance les avaient conduits au succès.
J’ai aussi lu (et décortiqué !) les livres des experts français et américains de la dramaturgie :
Yves Lavandier, John Truby, Robert McKee, Syd Field, Linda Seger, Keith Gray…
À force d’étudier le sujet, je me suis vraiment passionnée pour la dramaturgie et la structure du récit.
Plus j’étudiais la question de la structure, plus je me convainquais de son importance et des raisons qui devraient inciter chaque auteur à s’appliquer à la structure de leur histoire et non la craindre. Après tout, toute forme d’art exige une structure : danse, peinture,chant…
Pourquoi faudrait-il que ce soit différent pour l’écriture ?
Pour donner le meilleur d’une histoire, les auteurs doivent comprendre les limites de la forme, et aussi comment organiser au mieux les nombreux éléments d’une histoire pour réaliser le meilleur effet.
Voilà ce qui résulte de mes recherches sur la structure :
1 / Non, la structure ne limite pas la créativité !
C’est l’une des grandes craintes des auteurs. Mais c’est tout le contraire. La structure permet juste de développer et valider le scénario de l’histoire. Elle est l’élément vital d’un roman à succès.
La structure permet de rester concret et confiants dans l’élaboration de l’histoire et de vérifier la cohérence de l’ensemble.
2 / La structure n’est pas du formatage.
L’autre crainte courante c’est qu’adopter une structure imposerait d’écrire finalement toujours la même histoire. A cette objection, je réponds certainement pas ! Faisons le parallèle avec la danse, si les ballets intègrent les mêmes figures, tous sont différents, non ?
On pourrait dire que la structure est seulement la boîte qui contient le cadeau. Et ce cadeau peut être très varié
3 / La structure offre une liste de contrôle des éléments indispensables à l’histoire.
En réalité, structurer son récit n’est rien d’autre qu’utiliser une liste des éléments qui composent une histoire, liés les uns aux autres et bien rangés dans un paquet. C’est pratique, n’est-ce pas ? Autrement dit, c’est la check-list d’une histoire réussie !
4 / La structure renforce la maîtrise de l’écrivain.
Mieux connaître les techniques que vous utilisez déjà probablement de façon instinctive peut vous permettre d’approfondir votre maîtrise de l’écriture. Quand j’ai découvert la première fois la complexité de la structure,j’étais stupéfaite de voir que j’incorporais déjà la plupart des éléments dans mes histoires. Étudier ces éléments m’a alors permis de renforce mon instinct dans la connaissance utile.
Enfin, la structure est en même temps excitante, rassurante et libératrice.
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Utilisez-vous une structure pour écrire vos histoires ?
Quelle difficulté rencontrez-vous à l’établir ?
À vos succès d’écriture…
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Je vous en serais reconnaissante.
Ah un grand débat ! Moi aussi, je me débats avec les structures depuis plus d’un an.
J’ai écrit mon premier roman avec un plan certes très large mais qui m’a permis de « structurer » l’histoire et de ne pas m’égarer en route. Alors oui, je pense qu’une certaine structure est nécessaire.
Forte de cette conviction, je vais plus loin et pour mon deuxième roman, j’écris une structure très « séquencée ». Catastrophe ! Je connaissais à l’avance toutes les péripéties et l’envie d’écrire cette histoire s’est envolée. Ce deuxième roman est donc resté à l’état de structure.
Aujourd’hui, j’ai trouvé mon compromis entre structure aidante et carcan que je dose pour garder une part de mystère et de plaisir à l’écriture.
Bonjour Élisa
Comme je le dis dans l’article, à l’évidence, écrire sans structure mène droit à l’échec. Alors bien sûr, l’histoire tiendra la route 30 ou 40 pages mais après on ne maîtrise plus rien. Les intrigues se perdent. Les personnages n’ont plus de densité. Ou alors, ils prennent le pouvoir. Et l’écriture s’essouffle au fil des pages. Parce que notre idée de base si géniale n’est plus du tout celle que nous avions et plus rien n’est cohérent.
D’un autre côté, je comprends ce que vous me dites quand vous évoquez le manque de plaisir à force d’anticipation. Il y a moyen d’éviter ce problème.
Je continue de travailler le sujet. Mais il me reste encore à faire avant d’en parler davantage.
Bon courage et à vos succès d’écriture
J’ai commencé un premier roman l’an dernier en adoptant l’approche pyramidale en 7 étapes préconisée par l’écrivaine américaine Jess Lourey. Après avoir complété grosso modo les 6 premières étapes de cette stratégie, j’ai suivi le conseil du 7e point et je me suis lancée.
L’écriture allait bon train… jusqu’à ce que j’entame L’Anatomie du scénario de John Truby, que vous aviez recommandé sur votre site.
Ouf, le titre est bien choisi ; il s’agit vraiment d’une anatomie. Chaque étape est décortiquée, analysée, avec exemples à l’appui. J’ai alors réalisé que, même si j’avais fait un plan au préalable, mon histoire n’était pas « organique ». J’ai compris ce que c’était que d’écrire un roman dont les personnages sont motivés de l’intérieur, au lieu de réagir mécaniquement en suivant une « recette » de scénario. J’ai donc stoppé l’écriture de mon roman pour reconstruire ma structure narrative selon les « sept étapes clés » de John Truby.
Changer de stratégie en cours de route fût à la fois la meilleure et la pire chose à faire.
La meilleure parce que mon roman est beaucoup plus riche et mieux bâti qu’au début;
la pire parce que, à force de détails et de questionnements dans l’élaboration de ce second plan, je me suis enlisée. Du coup, ma créativité à été stoppée net, à un point tel où, coincée dans mon plan, je ne voyais plus l’heure d’écrire mon roman. J’ai alors pensé à Écriture : mémoire d’un métier de Stephen King. J’ai cessé de peaufiner les détails de mon plan pour retrouver le plaisir de raconter une histoire.
Conclusion : Écrire un plan détaillé fut certainement un frein à ma créativité.
Mais, en ce qui me concerne, ce frein fut bénéfique car il m’a permis de faire maturer mon projet d’écriture.
De plus, l’écriture du plan m’a permis de me réchauffer, de faire mes gammes avant de me lancer dans une composition débridée mais sans fil conducteur.
Si on compare l’écriture avec la musique, il est vrai qu’on peut produire des sons intéressants sans savoir jouer d’un instrument. Par contre, on ne va pas très loin. Cela ne m’empêche pas de croire à l’improvisation. Quel plaisir que de se laisser aller, juste pour voir ce que ça donne. Mais derrière les meilleures improvisations, il y a toujours de nombreuses heures de préparation.
Merci pour votre retour d’expérience.
J’aime bien votre exemple de la musique. Et comme vous le dites si bien, derrière les meilleures improvisations, il y a toujours des heures de travail. Car pour que l’improvisation soit agréable à l’oreille, il faut savoir quelle note s’accordera mieux avec une autre, quelle note ne doit jamais venir derrière une autre, quels « ingrédients » sont nécessaires pour construire un « bon » morceau même en improvisant.
En transposant, on peut vite trouver les mêmes impératifs dans l’écriture. Autrement dit, il est nécessaire de bien connaitre les éléments nécessaire à une structure solide, savoir comment les assembler pour prendre ensuite plus de liberté et laisser libre cours à sa créativité et à son imagination en les gardant à l’esprit.
Bien à vous
Bonjour
Héhé… je vois que nous baignons tous plus ou moins dans les mêmes marécages !
Pour ma part, je me bats en permanence avec de longues séances de mind mapping. Souvent je finis par me sentir emprisonné. Alors, j’édulcore le tout et je rends à ma créativité un peu de liberté. Le tout est d’en sortir avec un équilibre honorable entre fil de l’histoire et passion d’écrire.
Quoi qu’il en soit, il est indéniable qu’un plan est obligatoire, faute de quoi l’échec est assuré. J’aimerais bien lire un peu plus au sujet de la construction. J’attends donc vos conseils éclairés.
Merci pour votre contribution.
C’est tout à fait cela… Un équilibre honorable entre fil de l’histoire et passion d’écrire.
A bientôt et bon courage pour l’écriture
Bonjour,
Je me sens toute petite à la lecture des conseils, réponses.
C’est sûr que je structure mais mon fil conducteur reste le plaisir d’écrire.
J’écris de la pédagogique-fiction pour les enfants ou des histoires très courtes à tendance surréaliste qui coulent toute seule pourrait-on dire.
Je me sens petite petite petite.
Merci de tous ces conseils.
Nilse
Bonjour Nilse
C’est bien d’échanger avec d’autres. Ça permet de voir (revoir ou pas !) sa façon de faire.
Bien à vous
je rechercher un exemple de plan à suivre afin d’être guidé lors de ma création, quelqu’un peut m’aider?
Bonjour
Il n’existe pas de plan type. En revanche, il existe des clés essentielles à tous les plans ou structures d’histoires.
Bien à vous
C’est vrai que quand j’ai commencé à écrire (j’étais bien bien jeune), une inspiration suffisait et je me lançais à corps et à coeur perdu dans une histoire. Malheureusement, je me laissais vite subjuguer par une autre histoire et je ne terminais pas la précédente.
Le roman sur lequel je suis actuellement est mon plus gros projet au regard des « essais de jeunesse ».
J’ai aussi immédiatement fait le choix de le structurer au maximum. Justement parce que j’avais fini par abandonner tous les écrits qui l’ont précédé !
J’ai passé les six premiers mois à construire le monde, les personnages et l’histoire.
Ensuite j’ai découpé en trois tomes (mais ça c’est un point que j’évaluerai une fois le projet achevé). J’ai, à l’aide du logiciel Storybook, découpé ce qui correspondrait à mon premier tome en chapitres et sous-chapitres. J’ai ainsi la quasi intégralité des scènes de mon roman qui sont décrites dans leurs grandes lignes. Je ne suis jamais perdue. C’est plus une histoire de motivation et de trouver les mots qui ralentissent l’écriture elle-même. Je ne me sens pas bloquée par cette structure assez précise. Je modifie quelques scènes en avançant mais la structure ne bouge pas. Ça m’aide à savoir où je vais dans mon/mes intrigue/s. Ayant fait le choix d’intrigues qui se croisent, l’élaboration d’une structure bien ficelée était pratiquement obligatoire pour garder une cohérence dans le roman.
Maintenant, ça va faire presque deux ans que je suis sur ce projet. Je n’avance pas extrêmement vite. Je suis en train de rédiger mon dixième chapitre mais je reviens souvent à ma structure confirmer la cohérence. (Cela m’évite d’ailleurs de relire tous mes chapitres pour vérifier un petit point et de savoir où chercher).
Je me sens assez bien dans ce projet et la structure est vraiment rassurante en ce qui me concerne. Ceux qui le veulent peuvent ainsi écrire plus librement les scènes qui leur plaisent et revenir ensuite à celles sur lesquelles ils butent (moi, je n’aime pas faire les choses dans le désordre mais ce n’est pas le cas de tout le monde). Le seul point qui m’inquiète en terme de structure c’est le fait d’avoir eu des avis négatifs sur le fait d’avoir choisi de diviser mon roman en plusieurs tomes.