« 20 écrivains, 24 h/24, 20 jours, un livre collectif »… ce slogan ne vous rappelle rien ?… Et si je vous dis : 2001, M6, Loft Story ! Ça vous dit certainement davantage. Le lancement de cette émission de téléréalité avait fait suffisamment de bruit…
Si vous n’avez entendu parler du projet « l’Académie Balzac », vous êtes certainement en train de vous demander où je veux en venir.
Je vous explique, car j’ai suivi de près ce projet.
En effet, les Éditions du Net ont organisé la première émission de téléréalité littéraire.Pendant vingt jours, elle a permis de suivre en ligne vingt écrivains, enfermés, non pas dans un loft, mais dans un château, 24 heures sur 24, afin de rédiger un roman collectif sur le thème de leur choix.
Les sélections au projet de l’Académie Balzac
Une présélection d’écrivains s’est tenue entre février et août (2014) via le site www.academiebalzac.fr.
Pour s’inscrire, la seule condition était d’avoir publié au moins un livre. Le site a recueilli jusqu’à 600 candidatures !
Le jury était constitué de Daniel Bontemps, de Didier Ballot, directeur général de Chapitre.com et de Nicolas Gary, directeur d’ActuaLitté.com.
Puis, les internautes ont sélectionné parmi les 40 candidatures restées en lice, les vingt auteurs qui prendraient part à l’événement.
Chaque auteur qui se présentait disposait d’une page sur le site academieblazac qu’il pouvait animer de photos, de textes, de vidéos et des extraits de leur(s) livre(s).
Le 1er octobre 2014, les vingt auteurs ont été accueillis dans le Château de Brillac à Foussignac en Charente. Situé au milieu des vignes et des chais de Cognac, le château s’étend sur un domaine de plusieurs hectares de bois et de parc.
L’objectif, donc, je le rappelle, était de faire cohabiter pendant vingt jours, vingt auteurs aux parcours de vie, styles et parfois nationalités différents pour écrire un roman collectif. Les Éditions du Net proposait de le publier et de le soumettre au comité de lecture de grandes maisons d’édition.
Les écrivains de l’Académie Balzac étaient suivis 24 h sur 24 grâce aux caméras installées dans les pièces et le parc du château. Les images étaient retransmises sur le site academiebalzac.fr et les sites partenaires.
Du 30 septembre au 23 octobre à 19 h, une émission quotidienne de 30 minutes retraçait les moments clés de la journée. Pendant 20 jours, encadré par l’auteur Michel Dansel, les journées des auteurs participants ont été rythmées des séances d’écriture, de débats avec des intervenants extérieurs, de discussions et de lectures collectives. Vous pouvez découvrir les vidéos sur le site www.academiebalzac.fr.
Le 4 octobre, cinq auteurs ont été éliminés par les autres participants. Les internautes en ont éliminé cinq autres.
Le défi littéraire s’est achevé le 24 octobre 2014 par un prime time en direct lors de la grande soirée de la Journée du Manuscrit. Ce fut l’occasion de découvrir ce fameux roman collectif :
Une tombe trop bien fleurie
Avant de finir, sachez que ce concept n’est pas nouveau en Europe. En novembre dernier, l’émission « Masterpiece » est devenue la première émission de téléréalité italienne autour du livre et de la littérature.
L’éditeur RCS Libri et la chaîne Rai 3 ont collaboré sur ce projet monté par Fremantle, la société à l’origine de « X Factor ». L’appel à textes a réuni 5 000 manuscrits. 70 candidats ont été retenus. L’éditeur Bompiani promettait de publier le vainqueur avec un tirage prévu de 100 000 exemplaires.
Que pensez-vous de l’événement littéraire et de l’Académie Balzac ?
La téléréalité peut-elle s’emparer de tous les domaines ?
J’attends vos commentaires.
La téléréalité ne peut s’emparer de tous les domaines, mais actuellement, on peut hélas constater qu’il n’y a plus de limite, mais lorsqu’il s’agit de culture, je trouve cela génial.
Je suis tout à fait pour et je trouve que c’est une excellente idée à renouveler. Merci de nous en faire profiter.
Bonjour Jacqueline
Sur le site academiebalzac, les videos sont visibles.
Bien à vous
Après tout, pourquoi pas ? Cela éviterait au moins aux téléspectateurs de se trouver en face de participants qui ne savent pas former une phrase correctement… Je serais personnellement intéressée de découvrir le processus de la création d’une histoire en étant « à l’intérieur ».
En revanche, ce n’est pas certain qu’un programme de ce genre trouve acquéreur parmi les chaînes traditionnelles, qui cherchent à faire de l’audience pour vendre leurs espaces publicitaires.
Beaucoup, beaucoup, beaucoup de réserve(s).
Dire qu’un livre, ça se pense, ça se murit, ça se cherche et ça se peaufine … et mixer le tout pendant 20 jours, 24 heures sur 24, en bande et « à l’arrache » !!!??? Beaucoup de points d’exclamation et d’interrogation.
Je demande à voir le résultat et constater si chacun des auteurs se reconnait dans le « produit » final, mais sûrement pas fini.
Est-ce l’âge (58 ans) qui m’aigrit ou le goût de l’artisanat bien léché (depuis 40 ans au moins) ? À mes yeux, la littérature et le voyeurisme ne font pas de pair.
Avez-vu jeté un oeil sur l’extrait du livre (cf lien dans l’article de Marie-Adrienne) ?
Chapitre 1, page 11 : le personnage principal est chez une cliente (depuis un peu plus d’une page), il remet les plis d’un rideau en place et la phrase d’après, il s’engage dans le rond-point de la Bastille « en conduisant machinalement ». Il n’y a aucune transition.
Il ne s’agit même pas d’un saut de page propre à l’extrait de lecture proposé. Ou alors ce serait donc ça, l’art de l’ellipse ? Qu’en pensez-vous ?
Bonjour Catherine
J’en pense que c’est brutal et que ça manque vraiment de finesse !
Bien à vous
Il faut savoir accepter les critiques. Sur le principe, je ne suis pas fan des tv realites, mais pourquoi pas. Encore que la creation d’un roman s’accorde assez mal avec les « criteres » d’une tv realite a succes. Mais bon, encore une fois, pourquoi pas. Cela dit il est difficile d’ecrire un roman a deux. Il faut sans cesse faire des compromis, ou alors ca vire tres vite a la foire d’empoigne. J’iamgine des lors que l’ecrire a 10 peut tres vite devenir un cauchemar.
L’autre bemol, c’est le resume (ou le pitch) du roman que j’ai pu lire ici ou la. J’ai du mal a imaginer qu’un architecte soit si blase par son succes qui serait si enorme qu’il decide de se suicider.. J’imaginerais a la limite qu’un homme ou une femme ayant vecu a lui tout seul les vies de Mandela, d’Einstein, de B. gates, de Presley, de J. Monod, de Ghandi et de quelques autres de cette trempe puisse envisager a un moment de se reposer defnitivement, mais un architecte… non, absolument pas. Serait-il l’architecte le plus couru au monde. Ensuite le pitch ajoute que l’homme en question pense que son suicide ferait trop de mal a sa femme, et donc il imagine un suicide maquille en meurtre. Outre que l’idee n’est pas nouvelle, elle n’est pas non plus credible une seule seconde. Si vraiment le type ne veut pas faire de mal a sa femme, il peut prendre 10 annees sabatiques et l’emmener faire le tour du monde en aidant les pauvres et les desherites dans le meme temps. Je vous assure qu’il y a assez de misere pour remplir la vie d’un seul homme. Surtout s’il est architecte, il pourrait se servir de son boulot pour aider quelques millions de mal loges… Donc c’est plutot avec le sujet du livre lui-meme que j’ai quelques reserves. Un polar n’a vraiment pas besoin d’une intrigue aussi tiree par les cheveux pour etre un bon polar.
Enfin, c’est une premiere fois, et je suppose que cette experience permettra d’ameliorer ceci ou cela pour la prochaine academie.
Un dernier point qui est une question de gout, donc tres subjective. J’ai trouve la couverture atroce. On oublie trop souvent en France qu’on juge aussi un livre sur sa couverture, surtout si c’est un livre de genre. Encore une fois c’est subjectif.
Bonjour Robert
Merci pour ce long commentaire.
A bientôt