Les figures de style appartiennent à la rhétorique, science du bien-dire mais aussi du bien-écrire.

Certaines figures se réapproprient le sens des mots. On parle alors de figures de substitution ou d’images, comme la métonymie, la méta­phore ou la périphrase.

D’autres jouent sur la place des mots dans une phrase pour opposer, amplifier ou atténuer, avec l’anaphore ou encore la gradation.

Elles modifient aussi la construction d’un texte et appartiennent plus au domaine du discours et de la syntaxe, comme l’anaco­luthe ou l’ellipse.

Prépondérantes dans l’art de la poésie, elles peuvent jouer avec les sonorités comme l’allitération (qui est une répétition d’un même son consonantique) ou encore l’assonance (qui est une répétition vocalique d’un même son dans un vers).

Les maîtriser permet de rendre un texte plus expressif, de pointer une émotion, ou encore de jouer sur l’ironie. Attention tou­tefois à ne pas en abuser. Exagérer leur emploi peut ren­dre votre texte trop complexe.

Il existe de multiples figures, voici un panel des plus courantes.

1 / Images et substitutions

Les images permettent de regarder d’une autre manière une chose, une personne ou une situation. Parmi celles-ci, on trouve la comparaison et la métaphore.

La comparaison est un moyen d’associer deux éléments (le comparant et le comparé) grâce à un outil grammatical de comparai­son (comme, tel que, pareil à…). C’est une image qui simplifie la description, elle per­met d’expliciter une situation ou un état. Elle doit s’appuyer sur une expérience commune entre le lecteur et l’auteur.

La métaphore est également une mise en relation de deux éléments, mais qui n’utilise pas d’outil de comparaison. Elle n’est pas toujours immédiatement identifiable par le lecteur et lui donne une idée de la vision de l’auteur sur un sujet ou une action.

ex : « Je me suis baigné dans le poème de la mer. » (Arthur Rimbaud)

Les figures de substitution sont un procédé qui permet de remplacer un mot ou une expression par une équivalence. On parle de reprise.

La métonymie remplace un terme par un autre qui lui est lié par une relation logique mais sans élément matériel commun. Le conte­nant peut être employé pour le contenu. Très employée, elle permet de s’exprimer d’une manière simple, courte et frappante.

  •  ex : boire un verre pour dire boire le contenu d’un verre
  • ex : lire un Zola

La périphrase remplace un mot par une expres­sion de sens équivalent en insistant sur les attributs ou les qualités de l’être ou de la chose. Elle permet d’éviter la répétition et peut avoir une fonction poétique, métaphorique ou d’atténuation.

ex : on peut parler du « roi des animaux » pour le lion,

ou encore de « messagère du printemps » pour une hirondelle.

 2 / Oppositions, amplifications et atténuations

Les figures de contraste permettent de mettre en opposition deux mots, deux idées. Parmi celles-ci on trouve l’antithèse et l’oxymore.

L’antithèse rapproche deux termes volontairement opposés pour en mettre un ou les deux en relief. Elle insiste et souligne certaines qualités. Elle peut avoir aussi un effet conclusif, en énonçant une vérité générale ou en résumant une situation.

ex :  « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. »(Corneille)

L’oxymore réunit dans une même expression deux termes (un nom et un adjectif) que tout oppose dans le sens commun. L’oxymore est surprenant, déroutant. Elle marque encore le reflet de l’absurde réalité. Cette figure permet d’ajouter une nouvelle dimension poétique à un texte. Elle exprime un paradoxe destiné à être dépassé.

ex : La force tranquille

Les figures d’amplification et d’atténuation modifient le degré des mots en l’amplifiant ou en l’atténuant. Parmi celles-ci, on trouve l’hyperbole et la litote.

L’hyperbole amplifie la réalité grâce à des ter­mes qui sont plus forts que celle-ci. Elle est employée pour traduire une émotion ou encore dans le registre épique et parfois même ironique. On la trouve aussi dans le langage cou­rant. Elle joue sur l’intensité en magnifiant ou rabaissant une réalité. L’emploi de cette figure donne une accroche puissante permettant de sortir des lieux communs.

ex : je meurs de faim !

La litote consiste à suggérer le plus en en disant le moins. Souvent construite avec une négation, elle masque la réalité en l’atténuant. Elle est caractéristique d’une écriture simple, mais rigoureuse, dense et serrée.

ex : « Il n’est pas laid. » pour dire « Il est beau. »

3 / Effet de construction

Parlons maintenant de figures jouant avec la construction par la syntaxe ou les sons.

L’ellipse est une figure majeure de la rup­ture dans la construction. Il s’agit d’une ou de plusieurs phrases juxtaposées, mais sans lien grammatical.

Considérée comme économique, elle permet d’éviter les répétitions et les lourdeurs dans le texte. En supprimant, de par sa fonction, certains éléments, elle rend le texte plus vif et plus rapide.

ex : Pierre mange des cerises, Paul des fraises » (ellipse du verbe « manger » conjugué)

L’anacoluthe modifie les codes de la syn­taxe courante. Elle rompt volontairement la construction syntaxique de la phrase pour mettre en valeur un énoncé. Ce procédé peut être considéré comme une faute invo­lontaire de syntaxe quand il est employé par des écrivains amateurs. Souvent présente dans les textes poétiques, elle reste très controversée et ne fait pas l’unanimité.

ex : Épuisés par cette longue journée, le bateau nous ramène vers le port.

Ici : « Épuisés par cette longue journée » se rapporte à « nous ». Par conséquent, le sujet de la phrase devrait être « nous » (ex : nous rentrons) et non « Le bateau ». Il y a donc une rupture de construction, dans cette phrase.

La paronomase est un jeu de mots qui s’obtient par un effet de construction et de sons. Elle s’emploie aussi bien dans la littérature que dans les expressions popu­laires, la publicité, les titres ou la poésie. Elle sert d’accroche en étant courte et effi­cace.

ex : « Qui vole un oeuf, vole un bœuf »

ou

ex : « Qui se ressemble s’assemble »

Le zeugme est constitué d’une association de mots sans lien particulier et vise à pro­duire un effet comique (par une opposi­tion du sens propre et du sens figuré, par exemple). C’est une figure de l’absurde très proche du calembour. En mêlant concret et absurde, elle fait ressortir l’implicite et ironise.

ex : Il prit son chapeau et la porte

C’est un tout petit tour d’horizon des figures de style car il n’en existe pas moins de de 162, sans compter les synonymes et variantes. Notons que nous les employons souvent dans une totale ignorance.

Et vous, quelles figures de style connaissez-vous ?

 

 

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