On me demande souvent s’il ne faut pas opter d’emblée pour l’autoédition plutôt que de perdre son temps à envoyer son manuscrit aux éditeurs.
En échangeant, on voit bien que les rumeurs à propos des éditeurs perdurent :
1 / Les grands éditeurs favorisent les auteurs parisiens
2 / Les éditeurs ne lisent pas les manuscrits qu’on leur envoie
3 / Les éditeurs publient plus facilement des gens déjà connus ou leurs relations (directes ou indirectes)
Ne le nions pas, ces critiques ne sont nées sans quelques fondements. Ceci dit, il faut aussi avouer qu’elles cachent parfois la vraie vérité : le manque de valeur littéraire d’un texte, de qualité et d’intérêt pour un grand public.
Mais disons-le, un roman qui n’est pas bon pour l’édition, ne sera pas meilleur pour l’autoédition.
Les succès de l’autoédition
Si les succès de l’autoédition n’ont pas manqué d’être très médiatisés, considérons-les raisonnablement :
Aux USA, on peut citer E.L James avec son roman Cinquante Nuances de Grey, Emily Bold qui a trouvé un public international grâce à ses romans d’amour qui se déroulent en Écosse ou Amanda Hocking qui a vite fait fortune avec ses aventures paranormales.
En Europe, on peut évoquer le Munichois Oliver Pötzsch qui a dépassé le million d’ebooks vendus en juin 2013, grâce à sa trilogie mettant en scène un bourreau bavarois et ses descendants, entre le XVIe et le XIXe siècle.
La France n’est pas en reste de ces réussites spectaculaires de l’autoédition ces dernières années. Citons Agnès Martin-Lugand avec Les gens heureux lisent et boivent du café, Alice Quinn avec Un Palace en enfer et Aurélie Valognes avec Mémé dans les orties.
Mais ces réussites représentent très peu dans le monde le domaine de l’édition. Sans compter que malgré ces succès, l’autoédition reste entachée d’une image négative. Certains éditeurs, certains auteurs édités, et même certains lecteurs préfèrent totalement ignorer ce genre de livres. Mais là encore, ces critiques ne sont pas nées sans quelques fondements. Trop de livres autoédités ont une qualité médiocre, trop de fautes, des contenus dénués d’intérêt et des mises en page d’amateur.
Édition et autoédition – édition ou autoédition
Pour ma part, je refuse d’opposer l’édition à l’autoédition. Les deux sont nécessaires. L’un et l’autre restent au service du livre, de la lecture, des lecteurs et de l’écriture.
En revanche, l’avènement du numérique a permis le développement de l’autoédition qui elle-même contraint le monde de l’édition à évoluer. Chaque auteur, selon l’auteur qu’il veut être, peut désormais choisir entre plusieurs formes d’édition.
Quant aux maisons d’édition, je pense qu’elles continueront encore longtemps à structurer le marché du livre.
Alors au lieu de penser « édition ou autoédition ? » pensons plutôt « édition et autoédition ! »
Cette façon de voir les choses oblige de fait à repenser le cadre juridique, fiscal et social de l’activité d’auteur. Faute d’un cadre légal adapté, certains auteurs indépendants ont déjà su se saisir du statut d’auto-entrepreneur pour exercer leur activité. Et vu les possibilités offertes par le numérique, de nouvelles évolutions deviendront vite nécessaires.
Faut-il opposer édition et autoédition ? J’aimerais avoir votre avis sur la question.
Accepter la critique, loin d’être une faiblesse est plutôt une force pour qui désire se hisser au sommet de son art. Ecrire est un travail artistique et toute oeuvre artistique digne d’intérêt a besoin d’être polie. Il me semble que le regard de l’autre, en occurrence de l’éditeur,s’inscrit dans cette dynamique.l’autoédition pourrait encourager l’autosatisfaction, et cela, je pense, porterait quelque peu entorse à la qualité de l’oeuvre littéraire, surtout que celle-ci a pour finalité d’être consommée par un public.
L’éditeur, un mal nécessaire ? J’en doute. Ce serait plutôt une cause dépassée. La qualité de l’auto-édition va augmenter, et la prérogative injustifiées des éditeurs va diminuée.
Bonjour
Oui la qualité de l’autoédition va augmenter. Et la diversité aussi. Et la quantité aussi… il va falloir sortir du lot pour être repéré.
L’autoédition, c’est avant tout l’autosatisfaction. Une forme de plaisir solitaire. Rien à voir avec des relations entre partenaires. On arrose à tous vents sans se soucier d’entacher la littérature. Faut-il opposer ces deux concepts ? Tout dépend du point de vue : si c’est pour faire des sous et rien que des sous, tout est bon. Les opposer ? C’est placer le plaisir de l’écriture entre le marteau et l’enclume. Je pense qu’il faut aussi ranger son ego dans un tiroir avant de se poser la question.
Bonjour Marie-Adrienne. J’aime beaucoup vos articles mais aujourd’hui, la question me gêne. L’auto-édition, c’est quand un éditeur refuse de prendre le risque financier de vous éditer et vous versera des droits d’auteurs aléatoires. Alors que publier soi-même sur une plateforme numérique, c’est agir en auteur indépendant. En conclusion, je suis contre l’auto-édition et pour l’édition / édition indépendante. A ce jour, j’ai écrit 2 livres, un roman publié à compte d’éditeur et un ouvrage sur Amazon. Dans les deux cas, je n’ai rien payé. Et je suis à l’aise avec les deux pratiques. Très bonne soirée à tous.
Bonjour Elisa
Merci pour votre commentaire. Je ne comprends pas bien pourquoi la question vous gêne. Avec cette article je voulais avoir l’avis des lecteurs. Moi je pense que chaque acteur d’édition a lieu d être. Je crois que les auteurs utiliseront de plus en plus diverses façons de faire connaitre leurs écrits. Autrefois après avoir été édité par une maison, on y restait. Un peu comme dans le monde du travail où autrefois, on faisait toute sa carrière dans la même boite. Aujourd’hui, pour x raisons, on change de boite, de CDD ou de CDI ! Le monde a évolué. Les méthodes, les lecteurs aussi. Je pense que l édition est toujours en cours de mutation. Elle est longtemps restée inerte. Certains l’ont pensé immuable. C était l erreur.
A vos succès d écriture
Salut Marie,
A mon humble avis, je dirais que l’auto-édition est aujourd’huii sollicitée non pas parce que, soit l’auteur voit que son texte pourrait être refusé par une maison d’édition quelconque… mais seulement aussi, et j’en crois fort bien, par souci peut-être d’utiliser aussi cette opportunité qui s’offre aux écrivains: donc fruit de l’évolution de la technologie (l’auto-édition)… surtout que cela se passe sur le net. Un bon public pour bien passer son message et faire connaître ses écrits : le monde étant un village planétaire aujourd’hui.
Il y a bien des années, le numérique n’avait point une ampleur pareille… on peut toutefois en profiter, il n’y a pas du tout de mal en cela.
Pour ma part, je ne trouve du mal à aucune de ces deux possibilités de publier ces textes. Mais seulement que cela revient ou reviendra à chaque auteur de pouvoir et vouloir bien aller à l’une ou à l’autre, pourvu qu’il s’en trouve à son aise quoi.
Bonjour Marie-Adrienne. Merci pour cet article. Je pense que l’édition traditionnelle est encore bien préservée en France. Mais cela va changer. C’est inexorable. Les succès des indés sur le marché anglo-saxon dépasse maintenant celui des auteurs publiés par des maison d’édition. Les Etats-Unis ont toujours un temps d’avance, mais la france finit toujours par suivre la tendance. Il est vrai qu’ici les gens restent attachés à la publication traditionnelle, mais la situation évolue constament. L’autoédition grignotte petit à petit des parts de marché. Selon moi, c’est très bénéfique. Cela pousse les éditeurs à revoir un peu leur copie. Ce secteur séculaire n’a pas évolué en plus d’un siècle. C’est l’occasion pour eux de tirer des leçons de ce qui se passe outre atlantique et d’anticiper s’ils ne veulent pas finir comme leurs homologues anglo-saxons. Il est vrai aussi que l’autoédition a mauvaise réputation en France, mais cela tend à changer. Avec le nombre d’indé en forte croissance, la concurrence est de plus en plus rude. Les livres de piètre qualité de ce fait s’effacent au profit de livres très abordables et pourtant autant travaillés que ceux publiés de manière traditionnelle. Par contre, il est vrai que ce qui change aussi c’est la fiscalité. Je m’excuse d’avance pour ce pavé, mais je suis passionné par toutes ces histoires. J’ai d’ailleurs publié un article en 4 parties sur mon site concernant les deux modes d’édition: http://ecrivain-en-devenir.com/editeur-traditionnel-ou-auto-edition-partie-1/ et j’ai également réalisé une interview dernièrement sur les différences en terme de droit et de fiscalité entre les deux modèles. Si cela vous intéresse, j’y développe beaucoup plus mon point de vue. Merci encore pour cet article.
Merci Malik
Ce pavé comme tu dis ne me dérange. Je suis tout à fait d’accord avec toi. L édition n est qu’au début de son évolution. Et comme tu le dis… Chez nous ça change aussi mais…ça avance lentement ! C’est vrai que l autoedition reste connotée de mauvaise qualité. Et c est vrai aussi que ça change de ce côté-là aussi.
Les éditeurs vont devoir réagir vite. Dans une de mes réponses à un commentaire, je souligne que le secteur n’a pas évolué pendant des décennies et là de nouveaux canaux éditoriaux les obligent à se remettre en question.
Les années à venir seront très excitantes. Stimulantes.
À tes succès d’écriture
Non, je ne pense pas qu’il y ait à choisir entre l’un ou l’autre.
L’édition est plus prestigieuse. Beaucoup ne se considèrent écrivains qu’après avoir atteint cette étape.
Mais l’auto-édition a cet avantage de pouvoir se choisir soi-même, quand l’édition nous ignore (pour les mauvaises raisons). Et cela ne dispense pas de faire preuve d’un grand professionnalisme :
– éradiquer toutes les « coquilles » ;
– bonne qualité ;
– bonne mise en page.
Au contraire ; ça réduit les chances d’être pénalisé par cette « image négative. »
bonjour Marie Adrienne
Un petit mot pour dire que Pagnol a auto édité ses romans autobiographiques mais … il était déjà connu par ses pièces de théâtre ect…
Pour ma part, je travaille actuellement sur un projet de roman et je n’hésiterai pas à passer par l’auto édition ( Amazon). Ce qui m’amène à cette idée non préméditée, mais qui me vient à l’instant :
Serait il possible de faire de la pub sur ton blog pour les livres auto édités ( via Amazon par ex )
Bises
Marité
Alors au lieu de penser « édition ou autoédition ? » pensons plutôt « édition et autoédition ! »
Bonjour
En éditant une oeuvre, l’éditeur n’en devient-il pas « propriétaire », dans le sens qu’on en peut le faire publier par un autre éditeur ensuite? Ou même s’auto-éditer?
Bonjour
On peut tres bien être édité par un editeur et aussi autoediter d autres oeuvres,le tout en respectant bien les clauses du contrat que vous avez signees avec l editeur.Je pense surtout à la clause de préférence. En gros celle de non concurrence !
Bien à vous
S
Bonjour Marie-Adrienne, un grand merci pour vos articles. Que faut-il penser des maisons d’édition qui proposent un contrat à compte d’éditeur mais vous demande d’acheter 30 exemplaires au préalable comme par exemple les éditions Spinelle dont le contrat par ailleurs semble parfaitement correct?
Bonjour Marie
De quel contrat parlez-vous ? Contrat à compte d’auteur ou contrat à compte d’éditeur ? Car Spinelle propose les deux. Acheter 30 exemplaires au prix de vente ?
Il faut toujours se méfier de ce genre de proposition.
Bien à vous
Bonjour.
Je pense que l’auto-édition numérique (avec impression à la demande) va supplanter rapidement l’édition classique des éditeurs actuellement aux commandes sur le marché. Cela me semble inéluctable.
Indépendamment des droits conservés ou reversés presque intégralement à l’auteur, cela garantit à ce dernier une totalité liberté d’exercice de ses droits sans limite dans la durée ni dans l’objet. Ainsi le contrat à compte d’éditeur me semble être un leurre : l’investissement de départ est ridicule par rapport aux gains attendus. Il serait temps de se réveiller sur cette considération financière pour l’auteur qui abandonne ses droits et surtout ses idées.
En outre, il y a plus de visiteurs sur internet que dans les librairies, ne serait-ce que pour des raisons pratiques. Le monde a changé, mais ce n’est pas forcément au détriment du livre mais davantage du canal de diffusion de celui-ci.
Je reste néanmoins un fervent défenseur du livre papier. Mais les éditeurs ne sont pas les seuls à le défendre, bien au contraire !
Bonnes réflexions.