Bonjour à tous, avant de vous laisser lire l’article, une petite explication s’impose. Samedi, un message arrive dans ma boite mail ! C’est Corinne Cotereau, abonnée au blog et membre de ma formation en ligne Histoires Captivantes en 2020 qui m’annonce la parution de son roman Providence canyon chez Albin Michel le 1er février 2024. Nous échangeons et je lui propose aussitôt une interview que je vous laisse découvrir…
Bonjour Corinne, je suis ravie de vous accueillir sur Aproposdecriture. Votre témoignage va beaucoup inspirer les lecteurs du blog. Je vous félicite, voir son livre édité, c’est le rêve de nombreux auteurs. Mais, si vous le voulez bien, on s’étendra davantage sur votre parcours d’écriture et votre roman plus loin dans notre échange…
1 / D’abord, Corinne, présentez-vous ?
Bonjour et merci pour cet échange. Alors j’ai 54 ans. Je suis née à Paris, mais j’ai beaucoup déménagé. Pour le moment je partage ma vie entre le sud-ouest de la France et le sud-ouest des États-Unis. J’ai été juriste d’entreprise et j’ai tout envoyé promener à la quarantaine pour entamer une carrière de peintre et une activité de maison d’hôtes, car l’art ne remplit que rarement le frigo.
2 / Quel est votre parcours d’écrivain ?
Quels écrivains vous ont inspirée, influencée ?
Depuis l’enfance, je me raconte beaucoup d’histoires. Cette envie de prendre la plume, je la dois à ma reconversion professionnelle. Rencontrer les autres c’est se rencontrer soi. Ouvrir sa porte à des étrangers est une expérience humaine très riche. J’avais envie d’en témoigner. J’ai d’abord eu l’idée d’écrire un « roman de passage », une histoire collective rédigée avec mes hôtes, mais la tentative a échoué. L’écriture se révélant être extrêmement intime. Comme j’avais un décor, la maison que nous avions rénovée, je me suis lancée dans la rédaction de nouvelles transformées avec maladresse en un roman. Je m’inspirais un peu des romans de Peter Mayle, c’était une sorte de comédie humaine que je me regardais écrire.
Résultat : 55 000 mots sans véritable trame narrative. Et des lettres de refus d’éditeurs qui vous remettent à votre place. C’est-à-dire, en ce qui me concerne à l’époque, dans mon atelier à peindre et derrière des fourneaux à faire des gâteaux pour mes hôtes. Là nous sommes en 2018 et je jure qu’on ne m’y reprendra plus.
3 / En avril 2020, vous intégrez Histoires Captivantes, ma formation d’écriture de roman en ligne.
Pouvez-vous nous parler de ce programme ?
Qu’est-ce qu’il vous a apporté ?
Je suis obligée d’abord de vous parler de la genèse de mon roman. Car c’est en tombant sur un lieu extraordinaire que l’envie d’écrire m’a repris. En février 2020, je déménage à San Diego en Californie. Avec l’arrivée du COVID, les opportunités professionnelles se transforment en chimères. Les galeries d’art se ferment, tout comme le reste du monde. Et je me retrouve face à un vide existentiel, à tout remettre en question. Coincée à 10 000 km de mes deux enfants de 18 et 20 ans. En cherchant sur google map un endroit pour camper dans le désert, je tombe sur la photo du pont de chemin de fer le plus long du monde. Tout de suite mon imagination s’enflamme. Je fais des recherches historiques, mais je sais au fond de moi que cette fois, je vais avoir besoin d’être accompagnée pour que mon histoire SOIT captivante.
J’en viens à la formation Histoires Captivantes que j’ai découverte grâce à votre Newsletter.
En six mois, vous nous promettiez d’avoir les outils pour démarrer. C’est exactement ce que je recherchais, une boite à outils avec en plus, d’autres apprentis, comme moi, pour échanger. Je me souviens avoir été frustrée d’attendre le nouveau module, un par mois. Je me souviens avoir envié certains participants qui eux, maitrisaient déjà l’art d’écrire un pitch. Tout était très confus au début en ce qui me concerne. J’avais un début et une fin. Votre programme m’a permis de réfléchir aux types de narrations, aux protagonistes versus antagonistes, à l’élément déclencheur, aux conflits, les fameux murs que les personnages doivent affronter. La fiche des personnages m’a beaucoup aidé aussi. Les principaux, les secondaires, ceux qui transmettent des informations, ceux qui donnent de l’épaisseur à l’univers.
4 / Ravie de savoir que le programme Histoires Captivantes vous a aidée dans votre roman.
Maintenant, parlons de l’écriture de Providence canyon ?
Comment vous êtes-vous organisée ?
Comment avez-vous travaillé ?
Quel était votre rythme d’écriture ?
J’ai d’abord réalisé des recherches concernant l’histoire de ce pont le plus long du monde. Il me semble avoir commencé à écrire fin juin. Avant la fin de votre formation, car je piaffais d’impatience. Aucune pression concernant une éventuelle publication. Cette fois, j’écrivais pour mes enfants et mes amis. Mon objectif étant de les prendre par la main pour leur faire découvrir ce fabuleux décor. J’ai d’abord écrit comme une forcenée, car j’ai très vite éprouvé beaucoup de plaisir à me planquer au fond de mon canyon pour fuir la réalité. Ça m’a valu une tendinite carabinée… J’ai dû me calmer pendant des mois.
5 / Comment avez-vous travaillé sur la structure de votre roman et construit vos personnages ?
J’avais un début et une fin (que j’ai modifiée à force de m’identifier à un personnage). Je savais dès le départ que j’allais alterner deux histoires. Une double narration, donc. Je n’avais pas toutes les réponses à votre « fiche personnage » avant d’écrire. J’y ai répondu en construisant mon roman.
Pour mes personnages, je me suis inspirée de traits de caractère de personnes dans mon entourage, mais pas seulement. Le rire bien particulier de Paul Carter par exemple, je l’ai entendu en faisant la queue à une caisse de supermarché. Quand l’homme devant moi, plutôt charmeur, s’est mis en tête de se faire remarquer par la caissière. Comme vous le disiez dans la formation, observer son environnement et apprendre à retransmettre les impressions, les odeurs, les couleurs, les textures devient un jeu puis un réflexe.
6 / Avez-vous rencontré des difficultés ? Des blocages ? Des doutes ?
Ça a été une sacrée aventure personnelle. En m’endormant le soir sur un problème dans mon intrigue, j’avais la solution au réveil en général. Je n’avais pas de doutes sur mon imagination. Le style est apparu naturellement, sans que j’aie à me forcer. Par contre je me relisais beaucoup au début, je revenais en arrière sur des scènes que je trouvais mièvres. Le ventre mou a été assez difficile à écrire. J’étais impatiente d’écrire le mot fin. Cette partie laborieuse, je l’ai transcendée en arrêtant de me relire. Une fois le premier jet écrit, j’en tirais tout de même une satisfaction. J’avais été capable de faire évoluer mes personnages sur 250 pages.
7 / Combien de temps avez-vous mis pour écrire votre roman ? Aviez-vous fixé une deadline ?
L’écriture s’est déroulée sur 18 mois. Fin du premier jet en février. J’ai avancé à mon rythme. Sans deadline ni objectif. À cette époque, je n’envisage pas de le retravailler. C’est mes enfants, mes amis bêta lecteurs qui me poussent à envisager la publication. Et c’est vrai que, face à leur enthousiasme, je commence à y croire. Il faut deux qualités pour faire aboutir un tel projet, de l’orgueil et de l’humilité. L’orgueil de croire que son histoire vaut le coup et l’humilité de la réécrire. Encore et encore. C’est ce que j’ai fait plusieurs fois, après trois mois de pause, pour prendre du recul comme vous le conseilliez.
8 / Quand avez-vous su que votre roman était prêt à être envoyé chez les éditeurs ?
En septembre 2021, je le faire lire à une amie libraire. C’est elle qui me convainc de l’envoyer, quitte à le soumettre à 100 éditeurs !
J’en profite pour ouvrir une parenthèse sur le rôle CAPITAL des bêta-lecteurs. J’ai eu cette grande chance, de tomber sur l’ami d’un ami, grand lecteur à la retraite, qui a littéralement passé au crible mon texte. Ses remarques positives m’ont encouragée. Ses remarques négatives m’ont déstabilisée. Il a fallu surmonter les critiques, accepter de se remettre en question ou décider d’écouter son intuition.
9 / Comment avez-vous procédé ? Il se dit tellement de choses sur l’édition…
Plus question d’envoyer un manuscrit par la poste en ce qui me concerne, car je suis aux États-Unis à l’époque. Je me rabats sur les maisons d’édition qui acceptent des manuscrits par courriel. Souvent elles demandent d’y joindre un résumé, un synopsis et je suis découragée avant même d’essayer. Alors, j’ai une autre idée. Je contacte via Instagram un auteur de romans. Nous nous suivons respectivement, mais je ne le connais pas personnellement. Si lui estime que mes premières pages déclenchent un intérêt, alors cette énergie je l’aurai.
Première surprise : Il se trouve qu’il me répond et souhaite lire la totalité du manuscrit.
Deuxième surprise : Cinq semaines plus tard, il m’annonce être convaincu et souhaite transmettre mon manuscrit au comité de lecture d’Albin Michel.
Troisième surprise : Je comprends, à travers nos échanges, que ce monsieur est en fait éditeur chez Albin Michel.
Alors je dirais à vos lecteurs de ne rien lâcher, car c’est possible de se faire éditer à n’importe quel âge. Il faut malheureusement une part de chance. Mais la chance parfois, on peut la provoquer.
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Corinne, merci d’avoir répondu à mes questions et de terminer cette interview sur cette notre positive. Je suis sûre que cette interview intéressera les lecteurs d’Aproposdecriture. Quant à moi, je suis fière. Dans votre mail de samedi, vous avez écrit à propos de Providence Canyon « Ce roman est mon premier bébé et vous en êtes un peu la marraine ! » Ces mots qui m’ont vraiment touchée donnent tout leur sens à ce que j’ai voulu apporter avec Aproposdecriture, mon programme Histoires Captivantes et mes coachings. Merci donc.
Et selon la formule consacrée du blog :
Merci!
Article très intéressant.
Merci à Madame Cotereau pour son témoignage.
Toutes mes félicitations Corine. bonne continuation.
Merci pour vos encouragements !
Félicitations, Corinne!
Bon succès présent et futur!
Merci de votre générosité en partageant votre parcours, c’est très inspirant!