Dans ce nouvel épisode de la série « L’Alchimie du roman », Jean-Philippe Depotte décortique Les belles endormies, de Yasunari Kawabata

 

 

 

 

 

Les Belles Endormies

 

 

 

À propos de Yasunari Kawabata

 

Yasunari Kawabata   est né le 14 juin 1899 à Osaka.

Il est le second enfant d’une famille de notable, son père, médecin, est un homme cultivé, passionné de poésie et de peinture. Mais, atteint de tuberculose, il meurt un an après la naissance de Yasunari ; comme son épouse quelques temps plus tard.

 

Yasunari est alors confié à ses grands-parents paternels. Malgré les évènements, ses jeunes années se passent tranquillement. Mais l’angoisse et les frayeurs qu’il évoquera plus tard dans ses récits commencent déjà à le hanter.

 

En 1915, alors qu’il a perdu ses grands-parents et aussi sa sœur, il est envoyé en pension au lycée de Ibaragi. Il y fait la connaissance de Kiyono, un camarade de chambrée, avec lequel il se lie intimement (« mon amour homosexuel »). Il part vivre à Tokyo en 1917 et entretient avec son amant une importante correspondance, qui dure jusqu’en 1921. Une histoire qu’il racontera dans L’adolescent (1948).

 

En 1919, il rencontre Hatsuyo (Michiko dans ses récits), une jeune serveuse de quatorze ans, qu’il finit par épouser. Mais, celle-ci rompt un mois après leur mariage. Aux yeux de Kawavata, Hatsuyo représente la femme idéale et malgré leur courte relation, elle devient sa muse, son idéal de femme qui hante son écriture. il la revoit douze ans plus tard mais la rencontre tant attendue est très décevante.  L’image idéalisée d’Hatsuyo qui servait de support aux personnages féminins de ses romans disparaît.  Le style de l’auteur change radicalement En pleine période de désillusion et de remise en cause personnelle, Yasunari laisse place à ses propres fantasmes.

 

Kawabata lit beaucoup, notamment les littératures occidentale et russe et commence à publier à l’université de Tokyo en 1921 – où il poursuit des études de littérature Il publie de nombreuses critiques littéraires.

 

En 1924, il fonde le journal littéraire « Bungakukai » avec des amis.

Son premier livre (un recueil de nouvelles) sort en 1926. Nombre de ses livres paraissent en feuilleton dans les journaux.

 

En 1948, il devient Président du Pen Club japonais (association d’écrivains internationale) et en 1954 il est élu membre de l’Académie Japonaise des Arts.
Sa renommée va grandissant : il reçoit le prix Noma en 1954 pour Grondement dans la montagne. Il est traduit à l’étranger et reçoit de nombreux prix et distinctions (médaille Goethe, Officier des Art et Lettres…).

 

1968 est l’année de consécration, Kawabata obtient le prix Nobel de littérature C’est le premier écrivain japonais à obtenir cette récompense. Il restera l’un des écrivains japonais les plus importants du XX° siècle. Son univers d’auteur de nouvelles et de romans, est marqué par la mort, le vide et l’absence. L’ellipse, le flou, l’ambiguïté sont les caractéristiques de son écriture. C’est d’ailleurs ce qui rend ses livres difficiles d’accès. Sans compter la traduction qui oriente souvent le texte dans un sens qui n’est malheureusement pas forcément celui du texte initial…

 

Après le suicide de son ami Mishima en 1970, Kawabata se suicideà son tour le 16 avril 1972 sans laisser d’explication.

 

 

À propos du roman Les belles endormies

 

Traduit en 1970, deux ans avant sa mort, Les Belles Endormies est certainement l’un des plus connus de Kawabata. Dans ce recueil, l’auteur nous invite à passer cinq étranges nuits dans une mystérieuse maison en bord de mer en compagnie du vieil Eguchi.

 

Est-ce un hôtel, une auberge d’un genre particulier ou une maison close ?

 

En fait, rien de tout cela. Dans cet établissement, on propose aux vieillards d’éprouver d’ultimes plaisirs sensuels et spirituels aux côtés de jeunes-filles plongées chimiquement dans un sommeil de mort, « un abyme sans fond ». Délivrés de toute honte, ils pourront jouir de leur beauté et de leur chaude présence avant de s’endormir à leur tour à coup de somnifères.

 

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Comme à son habitude, Jean-Philippe Depotte analyse le roman selon quatre éléments :
• L’Eau, c’est le Style.
C’est la plume de l’écrivain, la poésie, la beauté du langage et le simple plaisir de lire de belles phrases.
• L’Air, c’est la Fiction.
C’est l’invention, qui prend deux formes, en général : l’intrigue (l’histoire que l’on raconte) et les personnages.
• La Terre, c’est le Milieu que décrit le roman.
C’est une époque ou c’est un lieu. C’est ce qu’apprend le lecteur sur la réalité que décrit le roman.
• Enfin le Feu, c’est le Message.
C’est la raison pour laquelle l’auteur a écrit son roman. C’est le message qu’il a voulu transmettre à son lecteur. Une philosophie, une morale ou, simplement, un sentiment, une impression.

 

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Découvrez la vidéo (11’03) :

 

 

 

 

 

Merci à Jean-Philippe Depotte pour cette nouvelle invitation à la lecture.

Pour ma part, je n’ai jamais lu ce livre. Je suis plutôt hermétique à la littérature japonaise. Et vous ?

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