Comme promis, nous reprenons la route du Middle West et arrêtons nous à Detroit où François Busnel nous présente Dutch, ou plutôt Elmore Leonard, considéré comme le plus grand auteur de romans policiers de notre temps.

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1/ Quelques mots à propos d’Elmore Leonard

 

Elmore Leonard est né le 11 octobre 1925 à La Nouvelle-Orléans en Louisiane mais sa famille s’installe en 1934, à Détroit dans le Michigan.

L’auteur connaît ses premiers succès 1950, en publiant régulièrement des récits de western dans quelques magazines populaires. Depuis, il s’est essayé au roman policier et à d’autres genres, mais il s’est surtout distingué dans l’écriture de scénarios. Les critiques l’ont souvent salué pour son réalisme et ses dialogues justes et forts. En 2012, il a reçu la médaille des Lettres américaines de la National Book Foundation.

 

2/ Les livres d’Elmore Leonard

 

De nombreux romans et recueils de nouvelles ont été traduits et édités aux Éditions Payot & Rivages dans la collection Rivages/Noir. Je vous laisse les découvrir par vous-mêmes et choisir de les lire au gré de vos envies et de vos préférences.

Je lis peu de polars. En revanche d’Elmore Leonard, j’ai lu Mes dix règles d’écriture, un recueil traduit et paru chez Rivages noir dans lequel l’auteur s’est amusé à proposer dix règles d’écriture, dix pièges dans lesquels ne pas tomber sous peine de perdre son lecteur en route.

Je me suis régalée car c’est un bijou d’humour et d’autodérision, à mon sens indispensable à lire par tout amateur d’écriture. Si le livre vous intéresse vous pourrez le trouver sur les sites de livres d’occasion.

Toutes ces règles visent à rendre l’auteur invisible, autrement dit, montrer ce qui se passe dans l’histoire plutôt de l’écrire. Certes ces conseils sont tout à fait personnels mais quand on connaît la réputation de l’auteur, on est en droit de penser que ses règles sont efficaces.

 

LES 10 RÈGLES D’ÉCRITURE D’ELMORE LEONARD :

1. Ne jamais démarrer un livre en parlant de la météo
Si votre seul but est de créer une atmosphère, et non pas de montrer la réaction du personnage au temps qu’il fait, ne vous attardez pas. Le lecteur est bien fichu de sauter quelques lignes à la recherche de personnages. Il y a des exceptions : si vous êtes Barry Lopez disposant de plus de façons pour décrire la glace et la neige qu’un Esquimau, alors là, vous pouvez y aller…

2. Évitez les prologues
Les prologues peuvent agacer, surtout s’ils suivent une introduction qui suit elle-même une préface. C’est ce qu’on trouve plutôt dans les non-fictions. Dans un roman, le prologue est de l’ordre du contexte et hors plan, vous pouvez donc l’abandonner si vous voulez. Dans le roman de Steinbeck Tendre jeudi, il y a bien un prologue, mais il passe bien, car il y a dans l’histoire, il existe un personnage qui justifie entièrement mes règles. Il dit : « J’aime quand ça parle beaucoup dans un roman, je n’aime pas qu’on me raconte à quoi ressemble le personnage qui parle. Je veux l’imaginer à partir de sa façon de parler… »
J’aime bien la description, mais pas trop… Parfois j’aime bien qu’un auteur se lâche et brode un peu, qu’il m’offre de jolis mots ou me fasse une petite chanson. C’est agréable. Mais finalement je préférerais que tout cela se trouve ailleurs, pas dans l’histoire, pour ne pas être obligé de le lire. Je ne veux pas que la « broderie » se mélange à l’histoire. »

3. Pour les dialogues, ne jamais utiliser d’autre verbe que « dire »
La ligne de dialogue appartient au personnage; le verbe, c’est l’auteur qui vient y mettre son nez. Et le mot « dire » est beaucoup moins intrusif que « maugréer, « supposer », « avertir », « mentir ».

4. Ne jamais utiliser d’adverbe pour modifier le verbe « dire »
déclara-t-il gravement… Utiliser un adverbe de cette façon (voire utiliser un adverbe tout court) est un péché mortel. Car alors l’auteur prend le risque d’utiliser un mot qui distrait et interrompt complètement le rythme de l’échange.

5. Contrôler l’utilisation de vos points d’exclamation
Vous êtes autorisé à en utiliser deux ou trois tous les 100 000 mots. Sauf si vous avez le don de les employer comme Tom Wolfe, alors ne vous gênez pas.

6. Ne jamais utiliser les mots « soudain » ou l’expression « L’enfer s’est déchaîné »
Cette règle n’a pas besoin de longue explication. J’ai remarqué que les auteurs qui les utilisent le mot « soudain » maîtrisent beaucoup moins l’usage des points d’exclamation.

7. N’utilisez les dialectes et les patois qu’avec parcimonie
Si vous commencez à écrire vos dialogues en phonétique et à bourrer vos pages d’apostrophes, vous ne pourrez plus vous arrêter.

8. Évitez les descriptions trop détaillées de vos personnages dont Steinbeck abusait.
Dans la nouvelle d’Ernest Hemingway Hills Like White Elephants, à quoi ressemblent l’Américain et la fille qui l’accompagne ?
« Elle avait ôté son chapeau et l’avait posé sur la table. » C’est la seule description physique dans tout le texte, et pourtant nous voyons les personnages, nous les connaissons à travers leurs intonations, et pas un adverbe…

9. Ne vous embarquez pas dans des descriptions détaillées des lieux et des objets
Sauf si vous êtes Margaret Atwood, auquel cas vous êtes capable de peindre une scène avec des mots, ou encore Jim Harrison, et que vous sachiez écrire des paysages. Mais même si vous êtes très bon, veillez à ce que vos descriptions ne freinent pas l’action ou la fluidité de l’histoire.

Et pour finir

10. Essayez d’éliminer les passages que les lecteurs sauteront.

Sachez repérer les passages que vous sautez quand vous lisez un roman : les longs paragraphes de prose qui comptent beaucoup trop de mots.

Mais la règle la plus importante résume les 10 précédentes :
« si mon travail ressemble à de l’écrit, alors je réécris. »

Je vous laisse maintenant découvrir la vidéo, Elmore Leonard et François Busnel (8’20 mn) :

 

J’adore lire les conseils des écrivains. Les auteurs Américains sont souvent plus généreux que les autres. Ne nous privons pas de les découvrir.

Avez-vous déjà lu des livres de conseils d’auteurs ? En avez-vous tiré des enseignements ?

À vous succès d’écriture

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