Tout comme avec les gens, il est important pour un livre de faire une bonne première impression. Les bons débuts sont essentiels, car ils attisent le lecteur et le font entrer dans l’histoire.
Les premières pages, voire la première phrase, peuvent être ce qui poussera le lecteur à lire votre histoire jusqu’au bout.
À l’origine, on désignait par incipit la première phrase d’un roman. De nos jours, il est assez commun de lui considérer une longueur variable. Il peut compter quelques phrases mais aussi plusieurs pages.
Accrocher le lecteur peut être extrêmement difficile à faire, il est donc bon de garder à l’esprit certains points quand vous écrivez.
Par essence, l’incipit instaure le pacte de lecture entre l’auteur et le lecteur en indiquant :
- le ton : sentimental, dramatique, mystérieux…
- le rythme : phrase longue, phrase courte
- le style : poétique, journalistique…
- le niveau de langage : mots courants, ou recherchés
- le mode narratif : focalisation zéro, interne ou externe
- une atmosphère étrange
- des sentiments violents dramatiques
- une énigme, un mystère
- un personnage extraordinaire
En tous les cas, l’incipit suggère de l’implicite, et pousse le lecteur à poursuivre, pour comprendre.
Voici mes 3 conseils les plus importants.
1 / Débutez par des premières phrases accrocheuses
Pour cela, n’hésitez pas à découvrir des premières phrases pour vous aider.
Par exemple :
Incipit : Anthologie des premières phrases
Vous y trouverez des accroches nettes, propres mais pas seulement. Car certaines premières lignes sont si mystérieuses qu’on se demande ce qui va arriver.
Tout dépend de votre style.
Voici quelques exemples
« Ce doit être un jeudi soir que je la rencontrai pour la première fois – au dancing. »
Sexus (Henri Miller)
« Appelez-moi Ismaël. Il y quelques années de cela – peu importe combien exactement – comme j’avais la bourse vide, ou presque, et que rien d’intéressant ne me retenait à terre, l’idée me vint de naviguer un peu et de revoir le monde marin. »
Moby Dick (Herman Melville)
« C’est aujourd’hui l’anniversaire de la mort de maman. »
L’accompagnatrice (Nina Berberova)
« J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. »
Aden Arabie (Paul Nizan)
« La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle lui déplut, enfin. »
Aurélien (Aragon)
« Un jour, j’étais âgée déjà, dans le hall d’un lieu public, un homme est venu vers moi. »
L’amant (Marguerite Duras)
Ces exemples ne vous donnent-ils pas envie de plonger dans les livres ?
2 / Présentez votre personnage principal le plus tôt possible
Le personnage principal est le personnage avec lequel votre lecteur va passer le plus de temps, donc si vous voulez qu’il sache qui il est, montrez-le de suite. Il vous sera plus facile de mettre l’histoire en place.
Idéalement, votre premier chapitre et votre première scène devraient inclure votre personnage principal.
3 / Annoncez ce qui est à venir
À la fin de votre premier chapitre, il devrait y avoir une sorte de préfiguration de ce qui va se passer dans le chapitre suivant, ou même dans le reste du livre.
La règle d’or est d’essayer d’avoir une bonne accroche au début et à la fin de chaque chapitre.
Joël Dicker applique très habilement cette règle et celles qui précédent. Lisez La vérité sur l’Affaire Harry Quebert (Prix Goncourt des lycéens 2012 et Grand Prix du Roman de l’Académie française 2012). Quand on commence… On ne lâche plus le livre !
À vos succès d’écriture…
Comment débutez-vous votre roman ou votre nouvelle ?
Bonjour Marie-Adrienne
Cette règle de l’incipit « apéritif » accrocheur qui s’applique au roman est aussi valable pour l’écriture de la nouvelle, je suppose. Qu’en pensez-vous?
Marie-Christine
Bien sûr ! Tout est bon pour accrocher le lecteur et le captiver jusqu’au bout de l’histoire.
Excellent !
Merci Marie-Adrienne
Toujours aussi intéressant. Merci.
bonjour Marie Adrienne
L’un des mes livres cultes s’appelle » Noces de feu » de Ruth Rendell, décédée l’année dernière- immense écrivain britannique.
Elle a eu trois fois le prix Edgar et je fais l’impasse sur d’autres prix tout aussi prestigieux.
Voici comment elle débute » Noces de feu » :
Les vêtements des morts ne font pas long feu. L’inquiétude pour ceux qui les ont possédés les consument. Stella a ri quand j’ai dit ça. Elle a renversé sa tête en arrière et ri de ce rire de jeune fille si surprenant chez elle. Je venais de lui dire qu’Edith Webster est morte la nuit dernière et avait laissé des placards remplis de vêtements. Elle a ri et dit qu’elle n’avait jamais rencontré une personne plus superstitieuse que moi. »
et voici comment se termine le roman :
» Les vêtements des morts sont aussi faciles à porter que les autres. Pourquoi ai-je mis tant de temps à m’en rendre compte ? »
Amicalement
Marité