Dans le monde captivant de la narration, l’équilibre entre expliquer suffisamment et trop en dire est crucial. Et maîtriser cet équilibre est important. Une narration trop chargée peut noyer le lecteur sous les détails superflus, réduisant l’impact émotionnel et la fluidité du récit.

 

Cet article vous guide à travers les étapes pour peaufiner votre art de la narration sans tomber dans le piège de la sur-explication.

 

Identifier et corriger la sur-explication

La sur-explication peut souvent se glisser dans votre écriture sans que vous vous en rendiez compte, surtout dans les dialogues et les descriptions.

Pour vous assurer que votre narration reste puissante et engageante, voici quelques conseils détaillés pour identifier et réduire la sur-explication.

 

1/ Examiner les dialogues

Les dialogues sont cruciaux pour le dynamisme et l’évolution de votre histoire. Ils doivent sonner naturels et être fonctionnels, sans peser sur le récit avec des informations superflues. Voici comment procéder :

  • Naturalité : Les dialogues doivent imiter une conversation réelle. Évitez des phrases trop construites ou artificielles qui ne seraient pas utilisées dans la vie courante.
  • Pertinence : Chaque réplique doit servir un but. Si un dialogue ne fait qu’expliquer ce que le lecteur devrait déjà comprendre à travers l’action ou la description, il est probablement superflu.
  • Concision : Évitez les longues tirades explicatives. Si un personnage doit expliquer un contexte ou un concept, brisez l’information en plusieurs parties et dispersez-la à travers différentes interactions pour maintenir l’engagement du lecteur.

 

2/ Peaufiner les descriptions

La description donne vie à votre monde narratif, mais trop de détails peuvent noyer l’histoire principale. Voici comment équilibrer vos descriptions :

  • Sélectivité : Choisissez soigneusement quels détails inclure. Concentrez-vous sur les éléments qui ajoutent de l’atmosphère ou du contexte essentiel sans alourdir la narration.
  • Détails sensoriels : Utilisez des détails sensoriels pour rendre les scènes plus vivantes. Par exemple, décrire l’odeur du pain dans une boulangerie peut être plus évocateur et nécessiter moins de mots que la description exhaustive de l’intérieur de la boutique.
  • Symbolisme : Intégrez des éléments symboliques pour enrichir le récit. Un objet ou un lieu peut représenter quelque chose de plus grand dans l’histoire, permettant de transmettre des significations profondes sans recourir à des explications explicites.

 

3/ Utiliser les « sous-entendus »

Le sous-entendu est ce qui est non dit mais compris par le lecteur, ajoutant une profondeur à la narration sans surcharger de mots. Apprenez à suggérer des sentiments, des tensions, ou des relations sans les décrire explicitement :

  • Implication : Au lieu de dire directement ce qu’un personnage ressent, montrez-le à travers ses actions ou réactions. Par exemple, un personnage peut serrer le poing pour montrer sa colère au lieu de dire qu’il est en colère.
  • Dialogue indirect : Les personnages peuvent parler de quelque chose de superficiel tout en discutant en réalité de quelque chose de bien plus important. Cette technique enrichit la lecture, invitant le lecteur à lire entre les lignes. Autrement dit, le dialogue indirect est une technique narrative subtile et puissante, utilisée pour ajouter des couches de signification à une conversation apparemment banale. Développer un peu car la technique est vraiment utile. Voici comment développer et utiliser efficacement le dialogue indirect dans vos écrits :

 

  • Fonctionnement du dialogue indirect :

 

Le dialogue indirect permet aux personnages de communiquer des idées complexes ou des émotions cachées sans les exprimer directement. Cette méthode repose sur l’utilisation de sous-entendus, de métaphores et d’allusions qui demandent au lecteur de déchiffrer le véritable sujet de conversation. Par exemple, deux personnages pourraient discuter de la météo, mais en réalité, ils pourraient exprimer leur inquiétude concernant un changement majeur dans leur vie, comme un déménagement imminent ou une séparation.

  • Avantages du dialogue indirect :

     

    1. Complexité des personnages : Cette technique donne de la profondeur aux personnages, montrant leur capacité à dissimuler leurs véritables intentions ou émotions, ce qui les rend plus réalistes et relatifs.
    2. Tension narrative : Le dialogue indirect peut créer une tension sous-jacente dans la narration, car le lecteur sent qu’il y a plus à découvrir derrière les mots échangés. Cela peut maintenir l’intérêt du lecteur et le pousser à continuer sa lecture pour dévoiler les sous-entendus.
    3. Thèmes enrichis : En permettant aux personnages de discuter de sujets superficiels tout en abordant des thèmes plus profonds, les auteurs peuvent explorer des concepts complexes de manière subtile, enrichissant ainsi le thème global du récit sans être didactiques.

 

  • Techniques pour écrire un dialogue indirect efficace :

 

  • Choix des sujets : Sélectionnez des sujets de conversation qui peuvent naturellement porter un double sens. Par exemple, parler d’un vieux bâtiment en ruine pourrait symboliser la dégradation d’une relation.
  • Ambiguïté : Utilisez l’ambiguïté pour encourager le lecteur à chercher plus loin que ce qui est dit. Ne donnez pas toutes les réponses facilement; laissez l’espace pour que le lecteur interprète les significations cachées.
  • Contraste entre le dit et le non-dit : Créez un contraste entre les paroles des personnages et leurs actions ou expressions non verbales. Si un personnage dit être heureux alors qu’il évite le contact visuel ou a une voix tremblante, le lecteur peut deviner que ses sentiments réels sont tout autres.
  • Répétition et motif : Utilisez des motifs récurrents dans le dialogue qui peuvent symboliser un thème ou un sentiment plus large. Par exemple, si un personnage continue de mentionner des rêves ou des espoirs déçus dans différents contextes, cela peut indiquer une lutte intérieure plus grande avec l’optimisme ou la désillusion.

 

En intégrant le dialogue indirect dans vos narrations, vous créez une expérience de lecture plus riche et plus immersive. Cette technique ne se limite pas seulement à améliorer le réalisme de vos dialogues, mais elle invite également le lecteur à devenir un participant actif dans la découverte de la véritable essence de votre histoire. Le dialogue indirect peut transformer une conversation ordinaire en un échange chargé de sous-entendus et de significations cachées.

 

Voyons quelques exemples concrets pour illustrer comment cette technique peut être utilisée efficacement dans la narration :

 

Exemple 1 : La peur de l’engagement

Contexte : Deux amis discutent de leur projet de voyage, mais le véritable sujet sous-jacent est la peur de l’engagement de l’un d’eux.

Dialogue :

  • Alice : « Tu penses toujours qu’on devrait partir pour l’Islande en hiver ? Ça semble un peu extrême. »
  • Fabien : « Je ne sais pas, l’Islande… ça semble si isolé, si définitif. Je ne suis pas sûr de vouloir être coincé là-bas. »
  • Alice : « C’est juste un voyage, pas un déménagement permanent. Mais si tu as des doutes, on pourrait aller quelque part moins… loin. »

 

Analyse : Fabien utilise la conversation sur un voyage pour exprimer indirectement ses craintes d’être « coincé » ou engagé dans des situations dans sa vie personnelle, pas seulement en termes de voyage.
Exemple 2 : Problèmes familiaux

Contexte : Une mère et son fils adulte parlent de la rénovation de la maison familiale, mais ils abordent en réalité leurs relations tendues.

Dialogue :

  • Mère : « Nous devrions peut-être abattre ce vieux mur dans le salon, tu ne crois pas ? »
  • Fils : « Oui, il divise vraiment tout l’espace, rend tout si… fragmenté. »
  • Mère : « C’est vrai, parfois je me demande si sans certaines barrières, nous serions plus ouverts, plus… ensemble. »

 

Analyse : La discussion sur la rénovation est une métaphore de leur relation. Le « vieux mur » symbolise les barrières émotionnelles entre eux, et le désir de les abattre reflète un souhait de réconciliation ou de meilleure communication.
Exemple 3 : Doute professionnel

Contexte : Deux collègues parlent de la nouvelle cafetière au bureau, mais discutent en réalité de leurs incertitudes professionnelles.

Dialogue :

  • Aymeric : « As-tu essayé la nouvelle cafetière ? Je trouve que le café est juste… différent. »
  • Claire : « Oui, c’est comme si on ne pouvait jamais s’habituer. Toujours en attente de cette vieille saveur familière. »
  • Aymeric : « Parfois, je me demande si c’est le café qui change, ou si c’est nous qui changeons. »

 

Analyse : Le changement de la cafetière est une allégorie de leur adaptation aux changements dans leur environnement de travail. Leur nostalgie pour « l’ancien café » représente leur malaise face aux nouvelles dynamiques ou exigences professionnelles.

Ces dialogues utilisent des conversations sur des sujets apparemment superficiels pour aborder des questions beaucoup plus profondes et personnelles, enrichissant ainsi la narration avec des couches de signification que le lecteur peut explorer et interpréter.

Conclusion

Maîtriser l’art de ne pas sur-expliquer demande de la pratique et de l’attention. En suivant ces conseils, vous pourrez créer des narrations plus engageantes et immersives.

 

A vos succès d’écriture…
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