Tout allait bien.
L’idée te portait, les personnages te parlaient, les pages s’enchaînaient.
Et puis, quelque part vers le chapitre 6, tout s’est ralenti.
Tu n’as plus la même énergie.
Tu relis, tu doutes, tu procrastines un peu.
Rassure-toi : ce n’est pas une panne, c’est un passage obligatoire.
Tous les romans traversent ce creux.
Et tous les auteurs, sans exception, le rencontrent un jour.
1/ Parce que le souffle du départ n’est pas infini
Le début d’un roman, c’est l’euphorie.
L’élan créatif, la nouveauté, la promesse d’une grande aventure.
Mais après quelques chapitres, la magie de la découverte laisse place à la réalité du travail narratif.
Il faut maintenant construire, relier, donner du sens.
Et ce moment-là demande une autre énergie :
moins d’adrénaline, plus de endurance.
2/ Parce que ton intrigue n’a pas encore trouvé son cœur émotionnel
Souvent, le creux du chapitre 6 n’est pas un problème d’histoire,
mais un problème d’émotion.
Tu as posé les bases, les personnages, les enjeux…
mais tu n’as pas encore trouvé ce que ton histoire veut vraiment dire.
Tant que tu n’as pas trouvé le cœur émotionnel de ton roman,
ton énergie d’auteur reste en suspens.
Cherche ce que ton personnage ressent — et ce que toi tu veux faire ressentir.
Tu verras : ton souffle reviendra.
3/ Parce que tu n’as pas encore accepté que ton roman change
À ce stade, ton histoire commence à t’échapper un peu.
Les personnages prennent vie, l’intrigue bifurque.
Et c’est déroutant.
Tu avais un plan.
Mais le texte, lui, a ses propres idées.
Ce moment d’essoufflement, c’est le signe que ton roman commence à exister par lui-même.
Accepte la surprise.
C’est le meilleur signe possible.
4/ Parce que tu cherches encore à “bien écrire”
Au début, on se laisse porter.
Puis, petit à petit, on se met à se relire, à juger, à comparer.
Et ça, c’est le tueur d’élan numéro 1.
Le milieu d’un roman, c’est le royaume du brouillon.
Ce n’est pas là qu’il faut écrire bien.
C’est là qu’il faut écrire vrai.
5/ Parce que ton cerveau te protège (à sa manière)
Quand un roman touche à des émotions profondes, ton inconscient freine parfois l’écriture.
Ce n’est pas de la paresse.
C’est un réflexe de protection.
Tu t’approches d’un sujet sensible ?
Ton cerveau te dit : “Fais une pause.”
Écoute ce signal, mais ne l’interprète pas comme un “stop”.
C’est juste le moment de respirer avant de replonger.
Conclusion
L’essoufflement du chapitre 6, ce n’est pas un échec.
C’est une étape de mue.
C’est là que ton roman passe du rêve à la réalité.
Alors, si tu es dans ce creux, ne panique pas.
Relis les premiers chapitres, retrouve ton émotion de départ, et avance.
Même une seule page.
Le souffle revient toujours — quand on accepte d’écrire sans air pendant un moment.
Chez les Tisseurs d’Histoires, on appelle cette étape “le passage du pont”.
Le moment où le roman teste la fidélité de son auteur.