Certains auteurs ne peuvent pas écrire une ligne sans plan.
Ils tracent la carte de leur roman avant même d’avoir posé le premier mot.
D’autres, au contraire, s’ennuient dès qu’ils essaient d’en faire un : ils plongent dans l’histoire sans boussole, se laissent guider par leurs personnages et découvrent le chemin au fur et à mesure. Deux manières d’écrire, deux mondes, parfois deux tempéraments opposés : les architectes et les jardiniers…
Mais attention : il n’y a pas de “meilleure” méthode, seulement celle qui te correspond profondément.
Trouver ton mode d’auteur, c’est un peu comme comprendre ton ADN d’écriture : ce qui te rend fluide, créatif, à l’aise dans ton processus.
Et cette connaissance change tout.
Les deux grands profils d’auteurs
1 / L’auteur architecte
L’architecte aime bâtir avant d’écrire.
Il planifie, structure, anticipe les rebondissements et les arcs émotionnels.
Son plaisir : la maîtrise.
Ses mots sont portés par une vision claire, un squelette narratif solide.
Des auteurs comme Zola, Balzac ou Leïla Slimani incarnent cette approche : rien n’est laissé au hasard, chaque détail s’inscrit dans une architecture cohérente.
Mais attention, la rigueur peut aussi devenir cage : trop prévoir, c’est parfois étouffer l’inattendu.
2 / L’auteur jardinier
Le jardinier, lui, plante une graine et observe ce qui pousse.
Il ne sait pas exactement où il va, mais il fait confiance à son intuition, à la vie de ses personnages.
Écrire devient alors une exploration sensorielle, un acte de curiosité.
Des auteurs comme Stephen King, Delphine de Vigan ou Laurent Gaudé revendiquent cette approche vivante et organique.
Le jardinier ne construit pas son texte : il le cultive.
Mais là encore, la liberté peut se transformer en chaos : sans fil conducteur, l’histoire risque de se perdre dans les herbes folles.
Le secret ? Savoir de quel côté ton cœur penche
Ton mode d’auteur influence tout :
ta manière d’entrer dans une histoire, ton rapport au temps, ton plaisir d’écrire… et même tes blocages.
Tu préfères…
A. Savoir où tu vas avant d’écrire la première ligne ?
B. Te laisser surprendre, quitte à te perdre un peu ?
Il n’y a pas de bonne réponse.
Mais ta réponse, à toi, est précieuse.
Parce qu’elle te donne les clés pour comprendre ce qui nourrit ou freine ta créativité.
Trouver ton équilibre entre les deux
En réalité, rares sont les auteurs 100 % architectes ou 100 % jardiniers.
La plupart oscillent entre les deux : ils planifient un peu… puis se laissent surprendre.
Ce qui compte, c’est de connaître ton mode naturel pour mieux jouer avec lui.
L’équilibre se trouve souvent dans cette zone de souplesse où la méthode s’adapte à toi — et non l’inverse.
Trouver ton mode d’auteur, c’est te donner la liberté d’écrire selon ton rythme naturel, sans te juger ni te forcer à ressembler à quelqu’un d’autre.
Et c’est justement ce que nous explorerons en profondeur dans le Module de novembre des Tisseurs d’Histoires :
comprendre ton profil, tes besoins, et construire une méthode qui épouse ta manière unique d’écrire.
En ce qui me concerne, je m’écoute sans contrainte tout en ayant quelques mots clés dans le récit.
Le plan est nécessaire pour la cohérence du texte, je le construis au fur et à mesure avec mon imagination, ma voix, mes besoins sans oublier la recherche du mot juste qui prend du tempsà l’instar du jardinier qui trace ses sillons bien droits et qui met le même nombre de graines de haricot dans chaque trous espacés de dix cm pour s’assurer d’une bonne récolte.
Je suis les deux à la fois: architecte et jardinier sont complémentaires mais je ne suis pas écrivaine si ce n’est autrice heureuse de pouvoir exprimer les bonheurs et les turbulences de la vie.
Je voudrais dire que j’ai vu Laurent Gaudé lors d’une « conférence » et il expliquait qu’il avait toujours besoin de faire un plan. Il avait une fois tenté d’écrire sans plan et il avait abandonner le récit en cours.
Personnellement, il me faut environ deux ans pour écrire un roman. Durant ces deux années, les idées, certaines majeures, surviennent. Les personnages entrent dans ma vie. Ils m’obsèdent pendant 24 mois. C’est ce qui donne la substance à ce que j’écris. Il n’y a pas de plan. Ils tueraient mes personnages.
Merci pour ton partage !
C’est passionnant de voir à quel point chaque auteur a sa propre méthode. Là où un plan rassure certains, il peut brider d’autres — comme toi, qui laisses tes personnages te guider. Deux ans à vivre avec eux, c’est une belle preuve d’immersion et de fidélité d’écrivain !
A tes succès d’écriture