Vous avez été nombreux à me demander mon avis à propos de l’écriture inclusive… et donc le voilà :

 

 

 

 

 

Qu’est-ce que l’écriture inclusive ?

 

L’écriture inclusive repose sur trois principes :

– Accorder les grades/fonctions/métiers/titres en fonction du genre. On écrira ainsi « une autrice », « une pompière », « une maire », une, cheffe, une sous-préfète ; les professeures, les entrepreneures. On écrira alors par exemple « madame la maire » ou madame la cheffe de bureau

– Au pluriel, le masculin ne l’emporte plus sur le féminin, mais inclut les deux sexes grâce à l’utilisation du point médian. On écrira ainsi « les électeur·rice·s », « les citoyen·ne·s » ou bien « les maçonnes et les maçons ».

– Eviter d’employer les mots « homme » et « femme » et préférez les termes plus universels comme « les droits humains » (au lieu des « droits de l’homme »).

Depuis 2015, le Haut conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes défend l’écriture inclusive. Il a même publié un guide « pour une communication publique sans stéréotype de sexe« .

Téléchargez ce  guide

 

 

Pourquoi l’écriture inclusive fait-elle polémique ?

 

La polémique a commencé quand l’éditeur de manuels scolaires Hâtier a introduit, dans un ouvrage, cette écriture inclusive qui met sur le même niveau féminin/masculin. Une écriture qui prend la forme suivante : « auditeur.trice.s » ou encore « agriculteur.trice.s. »

Depuis, l’écriture inclusive progresse et trouve désormais un écho dans la langue de l’administration.

Demain, les grandes entreprises s’y rallieront par souci de « modernité ».

Et pour aller plus loin, la dernière mise à jour du logiciel Word de Microsoft inclut une option de « langage inclusif »

Face à cette offensive, les critiques se multiplient.

L’un des principaux arguments avancés par des détracteurs de l’écriture inclusive, c’est qu’elle perturberait la lecture et l’apprentissage du français. C’est l’avis du linguiste Jean Pruvost, défavorable au système. Le philosophe Raphaël Enthoven, lui, voit dans cette nouvelle écriture « une agression de la syntaxe de l’égalitarisme ». Pour L’Académie française, l’écriture inclusive constitue un « péril mortel » pour la langue française. Plusieurs députés ont adressé une lettre au ministère de l’Éducation pour demander l’interdiction de l’écriture inclusive dans les manuels scolaires.

Pour les partisans de l’écriture inclusive, tout est une question de temps. L’idée doit progresser et permettre aux utilisateurs de s’en saisir. Les réactions les plus virulentes émanent des féministes. De nombreux militants du mouvement ont fait de l’écriture inclusive leur cheval de bataille. Une position incomprise par les détracteurs qui jugent la question d’égalité secondaire par rapport à d’autres combats comme l’égalité salariale.

 

La polémique montre, en tout cas, que dès que l’on touche à l’orthographe, les réactions sont épidermiques. Le mot « pompière » n’est-il pas aussi moche qu’écrivaine ? Mais n’en déplaise à certains, l’usage du féminin fut longtemps la norme, tant dans le vocabulaire que dans la grammaire. Ainsi, jusqu’au XVIIe, tous les noms de métiers, fonctions et dignités exercées par des femmes avaient leur féminin : cuisinière, marchande, abbesse, administeresse, enchanteresse, doctoresse, charpentière, etc., même si on l’imagine bien il y avait bien alors surtout des cuisinières et des marchandes !

Seulement voilà, en 1647, douze ans après la création de l’Académie française, l’un de ses membres, Claude Favre de Vaugelas, préconisa que le masculin doive l’emporter en grammaire au motif qu’il était plus noble que le féminin.

Et en 1882, quand l’instruction devint obligatoire, l’État trancha à nouveau en faveur du masculin, reléguant aux oubliettes, des mots du français ancien comme le féminin de médecin : medecine ou medicineuse… Alors que les métiers moins valorisés socialement n’ont jamais été privés de leur féminin lorsqu’ils en avaient.
Et c’est ainsi que « pâtissière » subsista !

 

Mon avis à propos de l’écriture inclusive

 

Je doute franchement que l’écriture inclusive favorise l’égalité des hommes et des femmes. Que son application complique la lecture, l’écriture et l’apprentissage du français, en revanche je n’en doute pas. Il y a trois ans, j’ai animé un atelier d’écriture en primaire. Et je reste très inquiète du niveau et de la maîtrise de notre langue. Alors si des complications s’ajoutent…

Pour le reste, plutôt que l’écriture inclusive, il serait plus utile de s’attaquer aux vrais problèmes des droits des femmes qui rétrécissent dans le monde chaque jour inexorablement. Tant de combats restent à mener que celui-ci me semble déplacé…

Si le monde du travail s’est fortement féminisé depuis deux générations, le taux de chômage des femmes reste supérieur à celui des hommes.

Une femme sur trois occupe un emploi à temps partiel plus souvent subi que choisi.

L’écart moyen des salaires reste de l’ordre de 25 % au profit des hommes, et les fonctions hiérarchiques demeurent, à plus de 60 %, occupées par ces derniers.

Les traditions aux représentations et aux stéréotypes à la racine des inégalités hommes-femmes persistent. : par exemple les congés parentaux continuent le plus souvent d’être pris par les mères.

De même, la répartition du travail « invisible », mais bien réel, des tâches domestiques n’évolue que très lentement.

Enfin, les femmes sont les premières victimes de violences physiques ou sexuelles.

Les vraies batailles ne se gagneront pas sur le papier !

 

Voilà mon avis à propos de l’écriture inclusive.

Quel est le vôtre ? J’attends vos commentaires

 

 

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