Après le dernier article sur le dialogue, j’ai reçu plusieurs questions à propos de la signalétique du dialogue. Voici donc quelques-unes des règles qui vous aideront à adopter le bon usage en la matière.

 

 

 

Dès lors qu’on cherche à écrire un dialogue, on se retrouve confronté à deux problèmes :

1) Comment ne pas aligner des « dit-elle » ou « s’écria-t-il » tout au long du dialogue ?

2) Comment signaler clairement les dialogues et ne pas égarer le lecteur entre les divers interlocuteurs ?

La première difficulté, je l’ai déjà évoquée dans le blog mais de nouveaux articles viendront car il s’agit là plus d’affaire de style.

La seconde difficulté en revanche a des réponses simples qu’il est bon de connaître et d’appliquer lors de la mise en forme de votre travail d’écriture.

 

Règles de typographie du dialogue

 

1 / Généralités sur les guillemets

 

Avec la généralisation des systèmes de traitement de texte, l’usage des guillemets devient de plus en plus éclectique. Il existe des guillemets de nature et de formes diverses : dactylographiques ou typographiques, droits, français, anglais… et il n’est pas rare de trouver différents types de guillemets au sein d’un même texte.

Alors quels guillemets choisir ?

 

a / «  » Guillemets dactylographiques ou guillemets droits

Il s’agit du guillemet le plus basique hérité des machines à écrire.

Son emploi doit absolument être proscrit.

Pour information, les typographes le surnomment chiure de mouche.

Il ne devrait jamais apparaître à l’écran et encore moins dans des documents imprimés.

Son seul usage se limite aux langages informatiques (pages HTML, formules Excel, titres de courriel, etc.).

 

b / « » Guillemets français ou à la française

Les guillemets français sont ceux qu’il faut impérativement privilégier dans les textes en langue française.

Les guillemets français sont séparés des mots qu’ils encadrent par une espace insécable.

 

c / “ ” Guillemets anglais doubles

Les guillemets anglais doubles sont utilisés par les Anglais pour les citations de second niveau et par les Américains pour les citations de premier niveau.

Il y a un guillemet ouvrant et un guillemet fermant.

En français, ces guillemets pourront être utilisés comme guillemets de second rang, à l’intérieur de guillemets français pour une citation dans une citation.

Les guillemets anglais doubles collent aux mots qu’ils encadrent, tout comme les guillemets dactylographiques.

 

d / Pourquoi faut-il préférer les guillemets français ?

Contrairement au guillemet anglais et au guillemet dactylographique, le guillemet français doit être séparé du caractère qui le suit ou qui le précède par une espace insécable. La nature exacte de cette espace est controversée : tiers ou quart de cadratin.

Word, par exemple, utilise une espace insécable d’un quart de cadratin.

Les guillemets à la française, avec leurs espaces encloses, répondent à une longue tradition, mais aussi à des exigences esthétiques et pratiques liées à la lisibilité du caractère.

D’abord, il faut rester cohérent avec le reste de la pratique typographique française qui veut qu’on ne mette pas d’espace avant la ponctuation basse – point, virgule et points de suspension – et un après.

Par contre, on met une espace avant et après la ponctuation haute – point-virgule, deux-points, point d’exclamation, point d’interrogation et, bien sûr, les guillemets.

Ensuite, il faut répondre à des exigences de lisibilité. Le lecteur appréhende d’un coup d’œil la forme ou l’enveloppe du mot et il ne le lit pas lettre par lettre.

Il est donc important de ne pas perturber l’enveloppe du mot avec des éléments parasites qui feront hésiter le lecteur une fraction de seconde. Cette hésitation multipliée plusieurs fois au cours des pages peut rendre la lecture pénible.

Ainsi pour un lecteur francophone, il est plus facile de lire :

« Approche-toi ! » que «Approche-toi!» ou “Approche-toi!”

 

2 / Guillemets et tirets

 

On ouvre le dialogue par des guillemets à la française ouvrants : «

On le ferme par des guillemets à la française fermants : »

Exemple : « Si on allait danser ! »

Rappel : les guillemets sont encadrés par des espaces.

  • Chaque changement d’interlocuteur est signalé par un tiret long (—) ou tiret cadratin, suivi d’une espace insécable, sauf la première réplique.

Exemple :

« Si on allait danser !
Bonne idée. J’ai besoin de me dégourdir les jambes.
Pierre, de toute façon, tu as toujours besoin de bouger ! »

  • Le tiret qui s’utilise normalement pour les dialogues est le tiret cadratin, plus large que le trait d’union.

Il s’obtient en faisant Alt + 0151 (pavé numérique).

Dans Word, vous pouvez aussi paramétrer avec : Outils/Vérification/Option de correction automatique, onglet Correction automatique : cocher trait d’union (–) Par tiret cadratin (—)

Les (–) se transformeront automatiquement (par défaut, Word les transforme en demi-cadratins, un peu plus courts).

  • En français, contrairement à la typographie anglaise, on n’encadre pas chaque réplique de guillemets.
  • Pour chaque dialogue, il ne doit donc y avoir qu’une seule paire de guillemets, au début de l’échange et à la fin.

On écrit : « Viens quand tu veux, dit-il en se levant. Je serai chez moi »

Et non : « Viens quand tu veux », dit-il en se levant. « Je serai chez moi »

 

3 / Les dialogues sans guillemets

 

Autrefois, les éditeurs tenaient à ce qu’une séquence dialoguée soit balisée entre des guillemets ouvrant («) et fermant (»). Chaque réplique étant amorcée par un tiret long (—), ou tiret cadratin, suivi d’une espace insécable.

De nos jours, on simplifie la présentation en éliminant les guillemets d’ouverture et de fermeture, estimant que le tiret (—) suffit amplement à faire comprendre au lecteur que quelqu’un prend ou reprend la parole.

Si on allait manger !
— Bonne idée, je meurs de faim.
— Gilles, tu as toujours faim, de toute façon !

Ce sont toujours des tirets cadratins (—). Il est impératif de mettre un espace après chaque tiret pour le décoller du début de la phrase.

Vous avez la liberté de choisir la tradition ou la modernité, les deux façons restent valables. Mais, une fois adopté, votre signalétique de dialogue doit rester identique tout le long de votre manuscrit. Ce n’est pas une fois l’un, une fois l’autre !

 

4 / Les incises

 

Les incises permettent :

  • d’indiquer qui a la parole
  • d’enrichir le dialogue

L’incise suit la phrase prononcée, dont elle est séparée par une virgule, un point d’exclamation ou d’interrogation.

Les incises sont englobées dans le dialogue (on ne ferme donc pas les guillemets pour les en exclure).

Par contre, la dernière incise se place après le guillemet fermant le dialogue.

Exemple :

« Si on allait danser ! proposa Jacques.
— Bonne idée, répondit Jean. J’ai besoin de me dégourdir les jambes.
— Jean, tu as toujours été si bon danseur », dit Jeanine.

 

Une incise ne commence PAS par une majuscule, même quand elle suit un point d’exclamation ou d’interrogation. Méfiez-vous car la correction orthographique de Word rajoute une majuscule à votre insu.

 

Si les indications que vous apportez dans votre dialogue forment un phrase à part entière, il faudra alors la mettre hors guillemets.

Exemple :

« Si on allait danser ! proposa Jacques en se levant.
— Bonne idée », répondit Jean.
Il saisit son verre de bière, le but d’un trait et si rapidement qu’il surprit ses amis.
«
J’ai besoin de me dégourdir les jambes, ajouta-t-il.
— Jean, tu as toujours été si bon danseur ! » dit admirativement Georgette.

 

Exemples de dialogues en colonne correctement écrits :

 

Avec guillemets

Sans guillemets

« Si on allait danser ! proposa Jean en se levant.
— Bonne idée », répondit Lucie.
Elle posa son verre et remit un peu d’ordre à sa tenue.
« J’adore ce morceau, ajouta-t-elle.
— Lucie, slow, valse ou rock, tu as toujours aimé danser ! » dit Émilie taquine.
— Si on allait danser ! proposa Jean en se levant.
— Bonne idée, répondit Lucie.
Elle posa son verre et remit de l’ordre à sa tenue. J’adore ce morceau, ajouta-t-elle.
— Lucie, slow, valse ou rock, tu as toujours aimé danser ! dit Émilie taquine.

 

Voilà un nouveau tour d’horizon de la signalétique et des règles de typographie du dialogue. J’ai déjà évoqué le sujet au début de l’année. J’ai donc repris le même article et l’ai enrichi en répondant à vos nouvelles questions.

C’était vraiment utile de revoir tout cela, parfois, on ne sait plus trop où et quand mettre des guillemets, ni même lesquels mettre. On se demande également comment insérer des incises et quel tiret utiliser…

Maintenant, vous savez !

 

À vos succès d’écriture…

 

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