Si l’auteur se demande parfois par où commencer, il peut aussi se demander, comment finir son roman. Car l’enjeu est de taille, la fin d’un roman est essentielle. En général, elle reste marquée dans le souvenir du lecteur et peut éclairer tout le récit après coup…

 

 

Cet article fait suite à un autre https://www.aproposdecriture.com/8-etapes-essentielles-pour-contruire-une-bonne-intrigue. J’y traitais l’intrigue sans évoquer la fin de l’histoire. Beaucoup d’entre vous me l’ont réclamée… Allons-y !

Alors, comment bien finir son roman ?

 

Voici quelques pistes pour écrire des fins efficaces d’histoires qui accrocheront vos lecteurs.
 

 

1 / La fin comme dénouement du roman

 

Tout votre roman s’est articulé autour d’une intrigue principale, il faut donc finir en la dénouant. Les lecteurs ont lu pour savoir si le personnage allait réussir à résoudre son problème. L’intrigue principale a donné une raison aux lecteurs de tourner les pages. À la fin de l’histoire, ils s’attendent à une récompense. Votre histoire a soulevé une question, et les lecteurs veulent savoir la réponse.  Rien ne vous oblige bien sûr à une fin heureuse.

Quelques exemples :

  • l’obstacle, la crise ou l’épreuve sont surmontés : Thérèse Desqueyroux (François Mauriac) , La Peste (Albert Camus).

 

  • le projet est abouti : Bel-Ami (Maupassant) réussit son ascension sociale ; Octave Mouret épouse Denise (Au Bonheur des dames – Zola)

 

  • Ce peut être la fin d’un apprentissage : celui de Rastignac dans le Père Goriot ou de Jacques Vingtras qui court sur la trilogie romanesque L’Enfant, Le Bachelier, L’Insurgé (Jules Vallès)

 

  • Il peut s’agir d’un échec : celui de la marquise de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses.

 

  • Un personnage mené au bout de son destin : le roman s’apparente alors à la tragédie Le Rouge et le Noir, La Chartreuse de Parme (Stendhal) ou Madame Bovary (Flaubert).

 

 

2 / Quand la fin du roman n’est pas un dénouement

 

  • La fin du roman constitue le bilan d’une trajectoire. Parfois, il n’y a pas de véritable intrigue ; le personnage fait une sorte de rétrospective, de flash-back, et médite sur ce qu’il a vécu L’Éducation sentimentale (Flaubert), L’Étranger (Albert Camus).

 

  • La fin du roman permet de mesurer l’évolution sociale : l’ascension sociale de Bel-Ami (Maupassant) ou psychologique d’un personnage dans l’Étranger (Camus), Meursault accepte son indifférence, se comprend mieux et comprend mieux le monde.

 

  • La fin du roman ouvre des perspectives, relance l’action : c’est une fin ouverte. Dans Bel Ami : le commencement d’une nouvelle vie ; dans Le Père Goriot : un nouveau combat, raconté dans d’autres romans de La Comédie humaine (Balzac). Ce type de fin débouche sur des séries Les Rougon-Macquart (Zola) La Comédie humaine, (Balzac) les Maigret (Simenon).

 

Chaque roman est un petit épisode qui en appelle d’autres indéfiniment, et la fin de chaque récit ne constitue pas un véritable dénouement.

Certains romans se terminent bien après le dénouement de l’intrigue et donnent l’impression que la vie continue. Par exemple, dans La Condition humaine  (André Malraux), la conversation de Gisors et de May ouvre des perspectives. Le roman emmène vers un autre monde, et fait rêver.
 

 

3 / Des fins sans intrigue ni dénouement

 

  • Certains romans tendent vers une fin qui n’est pas vraiment une fin d’intrigue, mais celle d’un itinéraire spirituel : Le Temps retrouvé (Marcel Proust) marque l’éclosion de la vocation littéraire du narrateur.

 

  • Certains romans ne sont qu’un long flash-back La Recherche du temps perdu (Marcel Proust) avec son incipit célèbre « Longtemps je me suis couché de bonne heure »

 

  • Sans intrigue, le roman devient poésie, documentaire… Les faux romans ne finissent pas parce qu’ils ont pour objet la forme même du roman :

Par exemple : L’Emploi du temps (Michel Butor), sa fin ne dénoue pas une intrigue mais résume une ambiance. Les Faux-Monnayeurs (André Gide) : le lecteur ne sait pas ce que deviennent les personnages. C’est le roman qui est le personnage principal.
 

 

4 / Derniers conseils

 

N’embrouillez pas le lecteur en surchargeant la fin de votre roman.

Restez avare de descriptions ou de nouveaux éléments. Si vous avez besoin de les amener à la fin de votre roman,  votre plan est à revoir.

N’amenez pas non plus de nouveaux personnages (sauf si vous l’avez déjà évoqué dans le récit) ou de nouvelles intrigues. Réservez-les pour le récit pas pour la fin du roman !

 

En réalité, la fin d’un roman doit apparaître comme un miroir de son début. Il est quasiment impossible de parler de la fin du roman comme d’un élément séparé du reste du texte, et de l’évoquer pour elle-même.

Un roman, c’est un tout !

 

À vos succès d’écriture…

 

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