Manies d’écrivains

Manies d’écrivains

L’un n’écrit qu’à l’encre bleue, l’autre enfile son pantalon de jogging, un troisième installe la cafetière  à proximité, un autre s’entoure de paquets de biscuits… on ne se lance pas sans appréhension dans l’écriture. C’est pourquoi les écrivains mettent en place toutes sortes de rituels et de manies censés favoriser l’inspiration et la chance.

 

 

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Rapports humains – 234 techniques pour décupler votre impact sur les autres : Le livre

Rapports humains – 234 techniques pour décupler votre impact sur les autres : Le livre

En juillet, Yvon Cavelier du blog, Copywriting Pratique lançait son 3ème évènement inter-blogueurs intitulé “Rapports Humains”. Yvon nous proposait le thème suivant :

« Dans votre spécialité, proposez les techniques, les clés ou les outils pratiques qui peuvent favoriser, améliorer voire révolutionner les relations humaines. »

Une bonne idée, non ? (ça, c’est une des secrets d’Yvon… il a souvent de bonnes idées !)

Quand j’ai lu le thème, il a aussitôt fait écho en moi. Mon blog existait depuis un mois mais je me lançais dans l’aventure avec – je dois le confier – un peu d’appréhension. C’était ma première participation à un événement ! Écrire n’était pas le problème, mais le reste demeurait vraiment nébuleux. Enfin, comme je n’avais rien à perdre, j’ai commencé à plancher sur le sujet comme 34 autres blogueurs.

Aujourd’hui, le livre récapitulatif est disponible. Il est énorme (202 pages).

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Premiers Romans 2012

Rentrée littéraire 2012

646 romans français et étrangers vont être publiés entre la mi-août et la mi-octobre. Et tandis que la plupart des articles parlent des livres vedettes, j’ai choisi d’évoquer les premiers romans de cette nouvelle rentrée littéraire.

En effet, parmi ces 646 romans, seuls 69 nouveaux auteurs ont eu la chance d’être choisis par les maisons d’édition. À titre indicatif, ils étaient 121 en 2004, 74 en 2011.
Ces chiffres démontrent une fois encore que les éditeurs restent très prudents et continuent de miser sur leurs valeurs sûres.

Les primo romanciers de cette rentrée sont surtout masculins. Les trois plus âgés ont vu le jour dans les années 50. La benjamine, Chloé Schmitt, a 21 ans.

Une quinzaine seulement sortiront du lot. Sept font déjà parler d’eux mais d’autres révélations – je l’espère – sont à envisager en septembre.

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Les écrivains peuvent-ils bénéficier d’aides à la création ?

Les écrivains peuvent-ils bénéficier d’aides à la création ?

Un des lecteurs m’a posé cette question, il y a quelques jours. Plutôt que de lui répondre individuellement, j’ai pensé que la réponse méritait bien un article.

Les écrivains vivent-ils de leurs plumes ?

En France, on estime à moins de 25 000 le nombre d’auteurs à percevoir des droits d’auteur, c’est-à-dire dont les livres rapportent de l’argent, même peu. Selon Bernard Lahire, sociologue ayant publié La Condition littéraire, la double vie des écrivains, moins de 2000 d’entre eux peuvent être considérés comme de vrais professionnels et vivent de leur production littéraire. 40 % se contentent de mensualités équivalentes au SMIC et seulement 4 % touchent plus de 10 000 euros par mois (les auteurs de best-sellers).

L’ étude de B. Lahire nous apprend aussi que la majorité des écrivains ayant réussi sont ceux qui ont pu bénéficier d’un soutien financier, venant souvent de leur famille ou de leur conjoint. En effet, si les bourses attribuées aux écrivains ayant déjà publié au moins un ouvrage à compte d’éditeur sont relativement nombreuses, les allocations versées aux auteurs « inconnus » sont extrêmement rares. Les concours aux manuscrits demeurent donc le meilleur moyen d’obtenir soit une publication, soit une petite somme d’argent, histoire d’encourager un peu une vocation.

Ainsi, avant de chercher à obtenir la bourse de la Fondation Jean-Luc Lagardère, dont le montant s’élève à 25 000 euros, il faut souvent se contenter de peu pour trouver le temps d’écrire et un éditeur.

Les débuts des auteurs sont semés d’embûches, cependant il existe un grand nombre d’associations et de structures, nationales ou régionales, pouvant leur venir en aide.

Des associations pouvant aider les jeunes auteurs

Plusieurs sociétés et associations se consacrent à la promotion de la création littéraire et à l’aide aux auteurs. La Maison des écrivains et de la littérature (Mel) « a pour vocation de fédérer les écrivains et de les représenter, de les défendre et de promouvoir la littérature. » Installée à la Villa des Frères Goncourt (67, bd. de Montmorency – 75016 Paris), la Mel accueille les auteurs, débutants ou confirmés, et met à leur disposition d’importantes ressources documentaires. Elle est en outre compétente pour conseiller les auteurs sur leurs conditions de travail, la diffusion de leurs œuvres et leur offre un panel de services très complet. On peut déjà trouver un grand nombre d’informations sur son site www.m-e-l.fr.

La plupart des conseils régionaux de France proposent également des structures dédiées à l’aide à la création. Elles délivrent généralement de précieux conseils aux auteurs et peuvent les guider dans leurs démarches.

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Que gagnent les écrivains ?

Que gagnent les écrivains ?

Écrivains et droits d’auteur

Quand je suis en salon du livre, on me pose souvent des questions au sujet des gains des écrivains. Je reste évasive car le milieu de l’édition est opaque et le sujet toujours sensible. D’après ce que j’en sais, même les chiffres réels de vente de livres restent flous. Mais disons-le,  il n’est pas de bon ton de parler d’argent dans le monde de l’édition.

Au cœur du système, on trouve les droits d’auteur. C’est la part du prix du livre  directement empoché par l’écrivain. En France, le contrat-type prévoit que l’auteur touche

  • 8 % de droits jusqu’à 10 000 exemplaires vendus,
  • 10 % entre 10 001 et 20 000,
  • 12 % au-delà.

Donc, pour un livre vendu 20 euros, cela représente entre 1,60 et 2,40 euros par exemplaire pour l’auteur. Pour les beaux livres et le poche, on approche des 5 %. Nous comprenons donc aisément que l’immense majorité des écrivains français ne vivent pas de leur activité d’auteur.

Des variantes existent avec des répartitions 10/12/14 % ou des seuils fixés à 5 000 et
10 000 exemplaires. Bien entendu, si vous avez eu un prix important (Goncourt, Renaudot…), l’éditeur pourra proposer de monter jusqu’à 14 ou 15 %.

Il existe encore mieux. Vladimir Nabokov percevait 17,5 % de droits d’auteur de la part de son éditeur américain McGraw-Hill dès le premier exemplaire pour son succès mondial Lolita ! En 1951, Louis-Ferdinand Céline a exigé 18 % de Gaston Gallimard sur chaque exemplaire. Mais le record va à Françoise Sagan qui aurait négocié 20 % de droits, à l’extrême fin de sa vie, avec le Groupe de la Cité. Il faut rappeler que l’auteur de Bonjour tristesse menait un sacré train de vie…

A côté de ces contrats en or, Gallimard propose parfois un taux fixe de 7 % de droits pour des premiers romans.

Écrivains et à-valoir

La puissance d’un écrivain se mesure aussi à un autre critère : le fameux à-valoir, une avance consentie par un éditeur pour un livre au moment de la signature d’un contrat. Une somme que l’auteur n’aura pas à rembourser, même en cas de mévente.

Aujourd’hui, en France, cette avance va de 800 euros pour un auteur débutant à une fourchette située entre 10 000 à 30 000 euros pour un romancier connu. L’éditrice Anne-Marie Métailié affirme qu’elle peut monter jusqu’à 2 000 euros pour un premier roman qui l’emballe et ne pas dépasser les 20 000 euros pour un auteur reconnu.
Mais il arrive que certains éditeurs, et non des moindres, refusent tout bonnement d’en verser.

Cependant, notons qu’un à-valoir faible peut aussi être profitable à l’auteur.
Pour « Le champ de personne », l’éditeur a proposé à Daniel Picouly de baisser son avance, mais d’augmenter ses droits de 1 %. Il fut inspiré d’accepter cette offre vu les centaines de milliers d’exemplaires du livre vendus, l’opération s’est révélée excellente pour lui.

Quoi qu’il en soit, un auteur ne doit jamais rembourser un à-valoir. Il est définitivement acquis sauf si l’auteur ne remet jamais son manuscrit, évidemment. Ce qui arrive parfois et se termine par un recours en justice.

Mais les droits d’auteur ne sont pas tout. Il y a aussi les clauses annexes, celles écrites en minuscule que les auteurs débutants ne lisent jamais et que les éditeurs et auteurs aguerris tentent de faire pencher en leur faveur. Par exemple, les éventuels droits d’adaptation au cinéma. Traditionnellement partagés à 50/50, il arrive qu’un auteur, surtout s’il a déjà été porté au grand écran, obtienne une répartition plus favorable du type 60/40.

Il en va de même pour les droits sur les traductions à l’étranger : certains auteurs se réservent aussi contractuellement l’intégralité des droits pour un pays étranger, où ils sont bien introduits.

Enfin, les auteurs les plus médiatiques peuvent jouir d’une « clause de publicité » qui fixe par écrit un budget minimum, destiné à financer des messages à la radio ou de l’affichage dans les gares. Cela peut monter à 30 000 euros. Certes la démarche flatte l’égo de l’auteur mais il faut savoir que souvent, les sommes se calculent sur les tarifs publicitaires officiels, or les gros annonceurs négocient systématiquement des rabais considérables auprès radios.

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Romans sur ordonnance

Romans sur ordonnance

À la lecture du thème du 3e événement inter-blogueurs (le thème : Dans votre spécialité, proposez les techniques, les clés ou les outils pratiques qui peuvent favoriser, améliorer voire révolutionner les relations humaines) initié par Yvon Cavelier du blog Copywriting-pratique.com, j’ai aussitôt pensé à la vertu de l’écriture pour améliorer ou favoriser les relations entre les gens et soi-même. Pourquoi l’écriture ? Parce que je la pratique au quotidien dans mon métier d’écrivain biographe. Et je sais quelle vertu l’écriture peut avoir.

Quand on pense à l’écriture, on pense immédiatement aux écrivains et aux livres qu’ils écrivent. Dans un premier temps, je vais aborder un concept méconnu en France : la bibliothérapie. Dans une seconde partie, j’évoquerai comment écrire sa vie peut vous changer vous mais aussi votre entourage.

 

Naissance de la bibliothérapie

 

En 1916, dans un hôpital militaire d’Alabama, les médecins décident d’utiliser des livres pour soulager les troubles psychologiques des militaires de la Grande Guerre. L’expérience est une réussite ; les patients se sentent mieux et soulagés.

C’est ainsi que naît la bibliothérapie (du grec biblios – livre – et therapeuien – soigner -) aux États-Unis, puis en Angleterre. Ce mot est rare dans les dictionnaires français et les seules définitions existantes sont sommaires ou floues. Certains se limitent à la mention « traitement par le livre de certaines maladies mentales ».

À qui s’adresse la bibliothérapie ?

 

Cette définition nous incite à penser que la bibliothérapie serait plutôt dirigée vers le malade psychiatrique. Aux États-Unis, les études sont nombreuses où l’on voit des psychologues aboutir à des résultats satisfaisants, fruits de collaborations étroites entre patients et équipes soignantes. Sans se substituer à une autre thérapie, déprimés, névrosés, psychotiques bénéficient de la bibliothérapie en appoint.

La bibliothérapie est également utilisée auprès de certains groupes sociaux en « difficulté de vie : enfants confrontés à des déstructurations familiales, personnes âgées ou souffrant de légers handicaps… À ceux-là, peuvent s’ajouter des publics incarcérés, ainsi que des groupes de drogués ou d’alcooliques. Des observations très précises ont pu être faites dans une prison d’Illinois, à partir de volontaires. Elles tendent à démontrer que la bibliothérapie change positivement l’idée qu’ont d’eux-mêmes les prisonniers.

Les self-help books

 

Face aux difficultés de vie, une très grave maladie, la perte d’un être cher ou un divorce, les Anglo-Saxons s’organisent ! Depuis une vingtaine d’années, on assiste, en effet, au phénomène du self-help. Un concept difficile à traduire. De nombreux groupes de « non-professionnels » se sont créés pour s’entraider, à l’affût d’informations précises sur « comment s’en sortir soi-même ». Une profusion éditoriale, les self-help books, a découlé de ce phénomène engendrant une littérature « grand public » sur des sujets spécifiques (juridiques, médicaux, etc.), ouvrages-guides où des conseils de toutes sortes sont prodigués. Ce sont ces types d’ouvrages qui peuvent être prescrits dans le cadre de la bibliothérapie. On y trouve tout pour lutter contre l’alcoolisme, la dépression, le tabagisme, l’obésité…

 

De telles études n’existent pas en France. Le Dr G. Federmann a bien été le premier médecin à découvrir et analyser l’importance du livre en milieu psychiatrique. Mais peu de ses pairs ont suivi cette voie… Dommage quand on pense que cette médication inédite est loin d’être neuve. Elle est pratiquée depuis plus de 200 ans au Pennsylvania Hospital aux États-Unis.

 

En France, la littérature dite « psychologique », essais et guides pratiques de développement personnel, a envahi les librairies depuis maintenant une vingtaine d’années. Parmi eux, les livres de Jacques Salomé, Christophe André, Catherine Bensaïd ou encore Boris Cyrulnik, Maryse Vaillant…

 

Mais ces guides de vie ne sont pas les seuls « livres thérapeutes ». Un roman, un conte, un poème… peuvent aussi nous aider, nous guider, nous éclairer, au point que la bibliothérapie est aujourd’hui considérée comme une « thérapie d’appoint ».

 

En 2008,  le philosophe journaliste et écrivain suisse Alain de Botton ouvre la School of Life dans le quartier de Bloomsbury à Londres. L’établissement est bien connu des Londoniens pour les différents programmes et ateliers de connaissance de soi qu’elle propose. La bibliothérapie est le nouveau service mis au point dans le centre. Avec plus de 500 consultations depuis l’ouverture, cette activité fait un tabac.  Loin de s’adresser uniquement aux malades, la bibliothérapie peut-être un véritable passeport pour les biens portants afin de partir à la conquête de soi, des autres et du monde.

 

Comment ça marche ? Vous remplissez un questionnaire détaillé sur vos habitudes de lecture, mais précisant aussi vos aspirations et préoccupations. Puis pour 70 £ (environ 80 euros) vous en discutez en « séance » de 40 minutes, en face à face ou au téléphone, avec une « bibliothérapeute ». Quelques jours après, vous recevez une « prescription » de huit ouvrages, de fiction principalement. Une cure facile à suivre et à faire en cure chez soi, dans son lit, dans le métro.

 

À l’origine de cette démarche, il y a la conviction qu’un bon roman vaut tous les livres de développement personnel et leurs recettes parfois simplistes. Dans un roman, on trouve un écho plus profond et plus durable aux vicissitudes de notre propre existence. On parvient à les mettre en perspective, en épousant tour à tour le point de vue de différents personnages, en explorant avec eux des milieux ou des contrées diverses. Sans compter qu’un héros de papier à l’infinie capacité de résilience nous communique, souvent, une énergie nouvelle. Reste à trouver le bon livre… au bon moment.

 

Quelques prescriptions littéraires !

 

Bien sûr, chaque prescription est unique. Il n’empêche que, de consultation en consultation, les bibliothérapeutes se sont constitué une sorte de pharmacie de base, pour parer aux plus fréquents bobos :

Un classique antiroutine conjugale :

La Chambre des loups, d’Angela Carter, recueil de contes de fées pour adultes, teintés à la fois d’érotisme et de féminisme.

En cas d’errements professionnels:

Splendeurs et misères du travail, d’Alain de Botton.

Le boulot est-il censé nous épanouir ? Et, si oui, comment y parvenir ?

Spécial crise de la quarantaine et questions existentielles diverses :

Le Faiseur de pluie, de Saul Bellow,

ou Le Voyage de l’éléphant, de José Saramago.

Deux récits initiatiques signés par deux Prix Nobel.

Ou Replay de Ken Grimwood… Un voyage avec de nombreux replay

Pour tout oublier pendant quelques heures :

L’Ombre du vent, de Carlos Ruiz Zafon, thriller littéraire et gothique dans le Barcelone d’après-guerre ;

ou L’Asile, de Patrick McGrath : passion, folie et peinture des conventions sociales dans un hôpital psychiatrique de l’Amérique des années 1950.

Ou encore Noces à Tipasa d’Albert Camus

Si l’on vient de vivre un deuil :

On peut préférer un livre dans lequel reconnaître son expérience

L’enfant éternel de Philippe Forest

Ou trouver de l’élan chez le poète Henri Michaux Poteaux d’angle

Si l’on est malade

La couleur des sentiments de Kathryn Stockett, parce que le livre est très romanesque et surtout facile à lire.

Les vrilles de la vigne de Colette. L’auteur se livre sur son enfance, sensuelle et affective.

La question qui vient presque aussitôt :

 

A-t-on vraiment besoin d’une séance à 70 livres sterling pour ça ?

 

L’idée de passer par un intermédiaire rétribué pour trouver son bonheur en librairie a de quoi surprendre. Car de la bibliothérapie, votre libraire en fait sans le savoir quand il déniche le livre qui consolera votre fille de son chien. Mais aussi votre meilleure amie, quand elle soigne votre coup de blues à coups du dernier bouquin qu’elle a dévoré… Mais une séance dédiée, c’est autre chose. La première étape, par écrit, oblige à se poser des questions inédites et tout sauf anodines :

  • Pourquoi lisez-vous ?
  • Quels livres ont marqué votre enfance ?
  • Qu’est-ce qui manque à votre vie ?
  • Comment vous voyez vous dans dix ans ?…

 

C’est long, impliquant et perturbant. Mais le questionnaire est solide, la consultation sérieuse et les résultats… éloquents !

S’échapper par la fiction pour se sentir mieux, la recette n’a finalement rien d’extraordinaire. Mais elle revient à considérer qu’on peut puiser dans la lecture autant de bienfaits que dans n’importe quelle autre médecine douce.

Si le sujet vous intéresse, deux sites à consulter :

http://www.theschooloflife.com/

en France… http://www.bibliotherapie.fr/

Cet article participe à l’évènement inter-blogueurs « Rapports humains » organisé par le blog Copywriting Pratique. Si vous avez lu cet article et qu’il vous a plu, alors merci de cliquer sur ce lien : J’ai aimé ce que j’ai lu !