Dans ce 28e épisode de la série « L’Alchimie du roman, Jean-Philippe Depotte décortique « le Chevalier inexistant », d’Italo Calvino, l’un des plus grands écrivains italiens de la période moderne.

 

 

 

 

Le chevalier inexistant

 

À propos d’Italo Calvino

 

Italo Calvino est né le 15 octobre 1923 à Santiago de Las Vegas à Cuba où son père, italien, travaille comme agronome et sa mère, sarde, biologiste.

La famille Calvino rentre en Italie en 1925 où Italo reçoit une éducation laïque et antifasciste.

Après avoir combattu dans la Résistance italienne durant la seconde guerre mondiale, il termine ses études littéraires à Turin tout en travaillant au journal communiste L’Unità. Il s’inscrit au parti communiste dès 1945.
Toute sa vie d’écrire, il écrira d’ailleurs pour divers journaux, de La Voce della Democrazia à Contemporaneo, en passant par La Repubblica ou le magazine Il Menabó di Letteratura qu’il co-édite de 1959 à 1967.

En 1947, il publie son premier roman, Le Sentier des nids d’araignées, qui évoque son expérience de résistant. L’œuvre rencontre un certain succès. Deux ans plus tard, Le corbeau vient le dernier, Calvino publie un 2e roman tout aussi néo-réaliste que le précédent.

En 1952, Calvino s’oriente vers le conte fantastique, à travers Le Vicomte pourfendu qui formera, avec Le Baron perché et Le Chevalier inexistant la célèbre trilogie Nos ancêtres, vision allégorique de la condition humaine moderne.

Entre 1950 et 1956, il entreprend la compilation et la traduction des Contes populaires italiens à partir de contes folkloriques du XIXe siècle.

Après l’invasion de la Hongrie en 1956, Calvino se détourne du parti communiste et, peu à peu de l’engagement politique pour se consacrer au journalisme.

Il recommence à écrire dans les années 60.
Installé durant quelques années à Paris, en 1973, il rejoint l’OuLIPo (Ouvroir de Littérature Potentielle) Raymond Queneau, Georges Pérec et Jacques Roubaud, adeptes de contraintes formelles en écriture.

Analyses combinatoires et techniques de permutation influenceront d’ailleurs les œuvres suivantes d’Italo Calvino. Par exemple dans Le château des destins croisés, les lames du tarot, disposées au hasard, constituent la base d’une machinerie narrative combinatoire.
Dans Si par une nuit d’hiver, un voyageur, Calvino poussera le souci de la combinaison à son extrême. Ce roman est composé de dix débuts de romans imbriqués dans un seul, à l’intérieur duquel deux personnages-lecteurs tentent de poursuivre chacun des dix romans à la recherche d’une improbable cohérence. Brillantissime !

Calvino meurt d’une hémorragie cérébrale en 1985.
D’autres textes seront publiés après sa mort : Leçons américaines, Sous le soleil jaguar…

 

Le chevalier inexistant, d’Italo Calvino

Calvino a toujours été attiré par la littérature populaire, et surtout l’univers de la fable. En 1952, il se lance dans le conte fantastique avec Le Vicomte pourfendu, premier roman de la trilogie Nos ancêtres, qu’il complète en 1957 avec Le Baron perché et en 1959 avec Le Chevalier inexistant.

Plusieurs interprétations au roman Le Chevalier inexistant :

1 / Sous prétexte d’un conte chevaleresque, Italo Calvino offre une réflexion philosophique sur l’état de la société au milieu du XXe siècle. En autres, le désenchantement lié aux horreurs de la Seconde Guerre mondiale transparaît dans le roman.

2 / Calvino a peut-être voulu exprimer son dépit quant au communisme. En 1956, il reste choqué par l’invasion de la Hongrie par les soviétiques. Le masque tombe, l’idéal politique disparait.

3 / Outre cette interprétation, le roman peut aussi se présenter comme une préfiguration de la société du spectacle qui joue sur les apparences…

S’il donne à réfléchir sur des sujets sensibles et profonds, Le chevalier inexistant reste un roman très drôle. Mais je préfère Le château des destins croisés et Si par une nuit d’hiver, un voyageur, deux romans qui m’ont beaucoup impressionnée.

 

Mais je ne vous laisse plus attendre…

Comme à son habitude, Jean-Philippe Depotte analyse le roman selon quatre éléments :

 

  • L’Eau, c’est le Style.
    C’est la plume de l’écrivain, la poésie, la beauté du langage et le simple plaisir de lire de belles phrases.
  • L’Air, c’est la Fiction.
    C’est l’invention, qui prend deux formes, en général : l’intrigue (l’histoire que l’on raconte) et les personnages.
  • La Terre, c’est le Milieu que décrit le roman.
    C’est une époque ou c’est un lieu. C’est ce qu’apprend le lecteur sur la réalité que décrit le roman.
  • Enfin le Feu, c’est le Message.
    C’est la raison pour laquelle l’auteur a écrit son roman. C’est le message qu’il a voulu transmettre à son lecteur. Une philosophie, une morale ou, simplement, un sentiment, une impression.

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Découvrez la vidéo (9’37) :

 

 

J’espère que cette nouvelle vidéo vous a plu. Merci à Jean-Philippe (Depotte); ses vidéos permettent de découvrir ou de redécouvrir des auteurs.

 

À vos succès d’écriture…
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