À la découverte des écrivains américains contemporains (3)

Nous demeurons à New York pour deux nouvelles rencontres dans Manhattan, celle de Rick Moody à Washington Square et celle de Colum McCann à Pearl Street.

Quelques mots à propos de Rick Moody

Rick Moody, né Hiram Frederick Moody III, le 18 octobre 1961 à New York, est surtout connu pour son roman publié en 1994, Tempête de glace, adapté au cinéma par Ang Lee sous le titre Ice Storm.

Bibliographie de Ricky Moody

  • 1994 : Tempête de glace
  • 1996 : Purple America
  • 1995 : L’Étrange Horloge du désastre
  • 2001 : Démonologie
  • 2002 : À la recherche du voile noir
  • 2005 : Le Script
  • 2010 : The Four Fingers of Death (non traduit en français)

Je vous laisse l’écouter dans cette nouvelle vidéo (9’23) :

 

Quelques mots à propos de Colum McCann

Colum McCann est né 28 février 1965 à Dublin (Irlande)

Après des études de journalisme au St Joseph’s College de Dublin, Colum McCann travaille comme rédacteur pour l’Evening Herald puis devient correspondant junior pour l’Evening Press de Dublin dans les années 1980.

En 1986, Colum McCann part pour ce qui devait être un court séjour à Cape Cod dans le Massachusetts.

 » Je voulais écrire le grand roman américain. J’ai atterri à Hyannis et je me suis acheté une machine à écrire. Hélas ! A la fin de l’été, c’était toujours la même page qui se trouvait dedans. Et je ne pouvais même pas lire ce que j’avais tenté d’écrire. C’est là que j’ai compris qu’il était temps pour moi de vivre autre chose, de me sortir de mon cocon de col blanc. J’ai pris un vélo et pendant un an et demi, j’ai traversé une quarantaine d’États et parcouru environ 12.000 miles. Ce fut un voyage incroyable. Je n’en ai pas fait un roman mais j’ai des histoires pour toute une vie : je me suis perdu dans le désert en Utah, en Californie, j’ai failli me faire tuer par un Indien Ute qui venait de passer sept ans en prison pour meurtre, j’ai vécu avec une famille Amish en Pennsylvanie, je pourrais vous en raconter tant d’autres.« 

Marié et père de trois enfants, il vit aujourd’hui à New-York. Il enseigne l’écriture à Hunter College, partie de la City University de New York ou European Graduate School.

 

Je vous laisse découvrir Colum McCann et cette seconde vidéo (8′,51).

Je vous dis à bientôt pour la dernière rencontre à New York avant de continuer notre périple américain.

3 règles de base du dialogue

3 règles de base du dialogue

le dialogue

 

Le dialogue est un des outils parmi ceux dont dispose l’écrivain. Il peut le manier habilement ou louper son objectif sans se rendre compte de tout ce qu’il pourrait en tirer pour mettre en valeur chacun des éléments de son œuvre. Car il y a une grande richesse dans les dialogues et c’est d’ailleurs ce qui en fait leur grand intérêt.

Voici les trois règles de base du dialogue :

1/ Écrire un dialogue s’il est utile

N’oubliez jamais que chaque dialogue doit être utile. Son but sera donc de :

  • donner des informations,
  • indiquer ce que les personnages ont prévu de faire,
  • permettre aux locuteurs de résoudre une énigme;
  • montrer les relations entre les personnages,
  • exprimer leurs sentiments,
  • détendre le lecteur par l’échange de répliques humoristiques
  • ou au contraire accentuer l’intensité dramatique en faisant ressortir les tensions entre les personnes ou en permettant au héros d’exprimer ses sentiments : son chagrin, sa peur, sa frustration…

Exemple de dialogue à éviter :
— Tu viens manger ? demanda Jacques.
— Oui, répondit Émile.

Ce dialogue n’apporte rien. Autant écrire simplement : Jacques et Émile partirent déjeuner à midi.

2/ Manier les incises et les adverbes avec prudence et parcimonie

L’autre défaut que l’on peut avoir quand on débute en écriture, c’est de toujours devoir faire preuve d’une créativité particulière dans les incises, en croyant que les « dit-il », « dit-elle » répétés manquent de force et de personnalité alors que « dit » est le petit mot miracle que personne ne doit abandonner.

En réalité, quand un auteur écrit « dit-il », le regard du lecteur glissera dessus sans s’y attarder. Le cerveau note le nom du locuteur et ignore tout simplement le verbe qui l’accompagne. Ce sera ainsi pour dit, fit, demanda et répondit…Mais ça ne sera pas le cas des incises plus compliquées comme gémit, lança, pleurnicha, gronda, ricana, grommela, hurla…qui toutes arrêteront le regard du lecteur.

Sauf si vous savez les utiliser judicieusement, je vous déconseille d’y recourir. De toute façon, si vous jouez bien votre rôle d’auteur, le lecteur doit savoir quand le personnage tempête, gémit, ricane ou crie.

L’auteur n’a pas à utiliser de mots évidents pour préciser de quelle manière s’exprime celui qui parle… Ça doit se voir dans la scène !

Il arrive que les adverbes puissent vous être d’un grand secours, mais comme les incises énumérées plus haut, les adverbes sont à manier avec prudence.

Soyons clairs, je ne conseille pas de renoncer à toutes les incises ou aux adverbes mais au cas ou vous les utilisez, ils doivent apporter une précision utile. Alors utilisez-les avec parcimonie.

Si votre dialogue est suffisamment clair pour comprendre qui prononce chaque réplique, vous pouvez écrire une scène complète sans incises.

3/ Dégraisser le dialogue des scories du langage

De la même façon, méfiez-vous aussi des mots inutiles et supprimez-les. Dans la vie quotidienne, on commence souvent ses phrases par « Écoute », « Tiens,…» « Tu vois ce que je veux dire… » ou on les truffe de « OK » par exemple. Ce sont des scories du langage.

Dans un roman, ils risquent d’alourdir les dialogues et d’agacer très vite le lecteur. Utilisez-les seulement s’ils illustrent le caractère d’un personnage. Sinon, je vous recommande vraiment de les éviter totalement.

En tout état de cause, quel que soit le dialogue que vous écrirez, vous devez toujours veiller à maintenir l’intérêt du lecteur et éviter qu’il se perde par exemple en rédigeant un long discours.

Il arrive toutefois qu’un long discours soit utile mais que le traduire dans un long dialogue ne marche pas.

Quelles sont alors les possibilités pour ne pas décourager le lecteur ?

1/ Montrer que ce qui va être dit est important en commençant de façon tonitruante.

2/ Interrompre le discours par un moment d’action intégré à la narration :

  • Un bruit de voix derrière la porte de la pièce où le personnage raconte l’histoire,
  • Un coup de vent qui fait claquer une porte
  • Un chat qui traverse la pièce
  • Une chanson qui passe sur l’autoradio d’une voiture

…autant de trucs qui peuvent contribuer à maintenir l’intérêt d’un lecteur ce qui est la mission première de l’auteur à tout moment.

Gardez tout de même à l’esprit que le dialogue ne s’impose pas forcément.
Il n’est pas forcément nécessaire même si l’information transmise l’est.

Appliquez ces trois règles de base, vos dialogues gagneront en puissance.

J’ai encore beaucoup à dire sur le dialogue. L’outil est si important que j’y consacrerai d’autre article. Avez-vous des difficultés à écrire un dialogue ? Si oui, lesquelles ?

À bientôt…

Si ça vous dit, vous pouvez partager cette article avec le monde entier. Facebook, Twitter et autres sont à votre disposition !

À la découverte des écrivains américains contemporains (2)

Nous restons à New York. Après Paul Auster à Brocklyn, je vous propose deux nouvelles rencontres : l’une avec Jonathan Franzen dans l’Upper East Side, un quartier au nord-est de l’île de Manhattan, l’autre avec Toni Morrison à Chinatown.

Quelques mots à propos de Jonathan Franzen

Né le 17 août 1959 à Western Springs (Illinois) d’une mère américaine et d’un père suédois, Jonathan Franzen grandit  dans le Missouri.

Après deux romans (La Vingt-septième Ville en 1988 puis Strong Motion en 1992) et une période de doute, il connaît le succès avec Les Corrections, roman pour lequel il obtient le National Book Award en 2001.

En 2002, il publie un essai intitulé How To Be Alone.

En 2006, ses mémoires paraissent sous le titre La zone d’inconfort : Une histoire personnelle.

En 2010, Jonathan Franzen fait la une du Time Magazine à l’occasion de la sortie française de Freedom. Il accorde un grand entretien au Nouvel Observateur. Vous pouvez lire l’article dans sa version intégrale (PDF) en cliquant ici. L’auteur y évoque l’écriture, son inspiration… et quantité d’autres sujets. Je vous recommande la lecture de cet article.

Dans cette vidéo, Jonathan Franzen évoque New York et ses romans :

Quelques mots à propos de Toni Morrison

De son vrai nom Chloe Anthony Wofford, Toni Morrison est née le 18 février 1931 à Lorain (Ohio). Elle écrit son premier roman, L’oeil le plus bleu (The Bluest Eye) à l’âge de 39 ans et obtient le prix Pulitzer pour Beloved en 1988.

Toni Morrison reçoit le prix Nobel de littérature en octobre 1993 pour l’ensemble de son œuvre. Elle est à ce jour la 8e femme, mais la première et la seule auteure afro-américaine, à avoir reçu cette distinction.

C’est le roman Beloved qui la fait connaître en France en1989. Mais elle était déjà un écrivain reconnu en Amérique avec ses deux romans : Sula (1973) et Song of Solomon (1977).

Dans cette vidéo, Toni Morrison évoque New York, ses romans, le peuple noir et le racisme :

Si vous n’avez jamais lu Toni Morrison, je vous recommande la lecture de ce livre :

J’espère que vous avez apprécié ces deux nouvelles rencontres. À bientôt…